Où sont passés les médias ? Pas au Darfour en tout cas. Objets de récentes interpellations tour à tour par le pédégé de l’Institut national de l’audiovisuel qui réclame aux journalistes davantage « d’images » de ce conflit, par l’intellectuel globe-trotter Bernard-Henri Lévy ou encore par Louise Arbour, la Haut-commissaire de l’ONU pour les Droits de l’homme, ils trouvent sans doute la tâche trop compliquée. C’est vrai : le Darfour, ce n’est pas la porte à côté. Et puis ce territoire, à l’ouest du Soudan, s’étend sur une superficie équivalente à celle de la France. Question sécurité, mieux vaut repasser : entre 200 000 et 400 000 morts en à peine trois ans. Pas de surprise donc si les médias hexagonaux ne consacrent qu’une part congrue à cette guerre civile. En France, l’heure est au local, à la dissection quotidienne des sondages et au traitement interminable des faits divers. Or, pour faire évoluer les comportements et mettre la pression sur les gouvernants, il faut « montrer et expliquer ». C’est l’essence du journalisme. Ou plutôt : c’était l’essence du journalisme.