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A Dada sur l’Ouganda
jeudi, 1er mars 2007 / David Garcia

Mégalo, parano, burlesque et sanguinaire, le général Amin Dada avait tout pour plaire. Les portraits croisés d’un dictateur africain et de son conseiller blanc éclairent brutalement les rapports Nord-Sud.

Attention, chef-d’œuvre ! Contre toute attente, Le Dernier Roi d’Ecosse, signé Kevin Macdonald et librement inspiré d’un roman de Giles Foden, est un film sobre qui ne verse ni dans la critique moralisatrice ni dans la complaisance envers son sujet. Un exploit au vu du gabarit hors normes d’Amin Dada, président dictateur de l’Ouganda entre 1971 et 1979.

Ce colosse de deux mètres, campé par un Forest Whitaker plus vrai que nature, a laissé le souvenir d’un fou furieux intégral : 300 000 morts, une économie minée par le surendettement, la corruption et l’hyperinflation, une agriculture ruinée, des usines détruites ou abandonnées...

En kilt, au son des cornemuses

Pourtant, le général putchiste fut accueilli en héros par la population. Et avec un certain soulagement par la communauté internationale, pas mécontente d’être débarrassée du président Obote, soupçonné de sympathies socialistes. C’était l’époque de la Guerre froide. Un temps aussi où de jeunes occidentaux aisés sillonnaient la planète, en quête de sensations fortes. Nicholas Garrigan, Ecossais fraîchement diplômé de médecine, fait partie de cette génération de baby-boomers en rupture avec le monde de papa. Engagé dans un dispensaire perdu au fin fond de la campagne ougandaise, il croise par hasard la route du président.

C’est le coup de foudre réciproque. Le jeune Britannique est prié de donner son t-shirt « Scotland », en échange de la veste bardée de médailles du général. Le président, qui adore parader en kilt au son des cornemuses, ne s’est-il pas autoproclamé dernier souverain d’Ecosse ?

Bombardé conseiller spécial, le docteur Garrigan devient l’éminence grise du président. Fasciné par son mentor, il refuse de voir les massacres et la fuite en avant du régime. Jusqu’au jour où, rongé par le remords, il tente d’assassiner le président. Raté. Suspendu à deux crocs de boucher, Garrigan échappe de peu à une mort atroce. « Tu es venu en Afrique pour t’amuser, mais la véritable Afrique, c’est celle que tu vois aujourd’hui », lui assène Amin Dada. Une parabole brutale des rapports Nord-Sud.


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