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Kropotkine, anarcho... centriste
jeudi, 15 février 2007
/ Arnaud Gonzague
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Il y a des utopistes ennuyeux, effrayants ou ridicules. Et puis, il y a Kropotkine. Humaniste, il a imaginé dès la fin du XIXe siècle un monde qui ressemble diablement... aux Trente Glorieuses.
Pierre Kropotkine, La Conquête du Pain, Editions du Sextant, 288 p., 14.90 euros
Qui sont les utopistes du XIXe siècle - les Proudhon, Bakounine ou Fourier - et qu’ont-ils d’intéressant à nous dire aujourd’hui ? En général, pas grand-chose. D’où étonnement à la lecture de La Conquête du Pain. Car l’essai de Kropotkine publié en anglais en 1888 semble encore diablement vert. Kropotkine, aristo russe passé du côté des faméliques, est l’un des fondateurs du communisme libertaire. Dit de la sorte, le constat est un peu accablant. C’est en réalité plutôt sympathique. Là où ceux qu’il nomme « les collectivistes » (les tristes sires qui inspireront la future URSS) font des citoyens une variable d’ajustement de leurs Grandes Idées pour l’humanité, Kropo a la finesse de voir nos défauts d’humains.
Kropo le futé songe même à la moitié du genre humain que les utopistes - machos en diable - oublient trop souvent : les femmes. « Sachons qu’une révolution qui s’enivrerait de plus belles paroles de Liberté, d’Egalité et de Solidarité, tout en maintenant l’esclavage du foyer, ne serait pas la révolution. La moitié de l’humanité (...) aurait encore à se révolter contre l’autre moitié. » Rappelons que ceci date de 1888... On trouvera encore sous sa plume une défense du travail collaboratif que les fans de Wikipédia pourraient faire leur, une attaque contre le brevetage de la pensée et un appel au « travail agréable », qui pourrait figurer à la Une de Terra Economica ! Eh les gars, on l’embauche bientôt ?
Retrouvez cette chronique sur le blog d’Arnaud Gonzague
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