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Nicolas Hulot est-il un produit recyclable ?
dimanche, 19 novembre 2006 / Edouard FLAM

Tout ce que la France a compté et compte encore de candidats avérés ou potentiels à l’Elysée recycle allègrement les idées de Nicolas Hulot. Mais les contradictions entre effets d’annonce et réalité du terrain montrent que peu d’élus ont pris la mesure des enjeux.

Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Ségolène Royal, DSK, jusqu’à Laurent Fabius qui dit vouloir en faire un Premier ministre et Philippe de Villiers qui tente de verdir son programme : tout ce que la France compte de candidats avérés ou potentiels à l’Elysée recycle allègrement les idées de Nicolas Hulot, d’Al Gore et des environnementalistes.

Tant mieux : en mettant les questions de développement durable au devant de la scène, nos édiles mettent la main dans un engrenage dont elles ne sortiront plus. La surenchère écologique donnera nécessairement lieu, après l’élection, à un contrôle citoyen. Surtout si les médias font leur travail d’investigation. Il faudra, alors, tenir les promesses. C’est là que les choses se corsent.

Les contradictions se ramassent à la pelle

Il suffit, en effet, de suivre la chronique quotidienne des effets d’annonce et « petites phrases » pour comprendre à quel point la démarche environnementale de nos élus - de gauche comme de droite - ne tient globalement pas la route. Naïveté, méconnaissance des dossiers ou insincérité... Ce sera aux électeurs de trancher.

Premier exemple : lundi 13 novembre, le Premier ministre Dominique de Villepin annonce une série de mesures dans le cadre du plan climat de la France. Ce dernier est censé permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) comptabilisées sur le territoire français. Les propositions du Premier ministre vont dans le bon sens : taxe sur la consommation de charbon, augmentation des taxes sur les pollutions industrielles et les déchets, avantage fiscaux pour les travaux d’optimisation énergétique des logements anciens, etc. Mais dans le même temps M.de Villepin se montre incapable de questionner le transport civil aérien de masse, dont on sait qu’il est une des principales menaces pour l’environnement. Extrait : « Je crois dans la filière aéronautique et je crois dans l’avenir industriel de la France (...). Dans les mois qui viennent, je continuerai à défendre cette ambition ».

Nouvelle recette écologique : une dose de charbon, trois doses de produits toxiques

Deuxième exemple, à gauche cette fois. Du côté de la Nièvre, le parti communiste milite depuis plusieurs années pour l’ouverture... d’une nouvelle mine de charbon. Le député PS Christian Paul s’est lui aussi emapré du dossier et, au nom de l’emploi, se félicite de cette perspective. Au nom de l’emploi la France relance l’exploitation d’un minerai réputé pour son bilan environnemental catastrophique (notamment en termes d’émissions de CO2). Dans le même temps, on demande aux industriels - notamment à ceux du secteur de l’énergie - de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Sans commentaire.

Dernier exemple : M.Sarkozy tend la main à un autre Nicolas, Hulot, dans une tribune publiée dans le Figaro du 7 novembre : « Oui, notre avenir est ­menacé par le réchauffement ­climatique, la disparition de nombre d’espèces et l’impact sur la santé des pollutions diverses. » Or, sur les questions de santé, Mme Françoise Grossetête (UMP) compte au nombre des députés européens qui cherchent à réduire la portée de la directive Reach sur les produits toxiques (lire notre article La santé des Européens ne vaut rien). Comprenne qui pourra.

Bilan des courses : Nicolas Hulot n’est pas encore recyclable dans les programmes politiques. Mesdames, messieurs les élu(e)s et les prétendant(e)s, encore un effort si vous voulez devenir écolo-républicains !