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Le journaliste, ton ami sera
jeudi, 20 juillet 2006 / Arnaud Gonzague

Ah ! Qui dira combien il est ardu pour un communicant de provoquer des émois chez la race mal léchée des journalistes  ? Un manuel détaille les grandes règles de cette âpre séduction.

Voici un manuel à l’usage des communicants professionnels, pour leur expliquer les grands principes des relations publiques. Un néophyte pourrait croire que tout cela est simple : une entreprise présente ses nouveaux produits aux journalistes, qui ensuite écrivent ou non un article à ce sujet. Quelle erreur ! De même qu’aiguillonné par la nécessité de se sustenter, l’homme inventa la gastronomie, de même que soumis à ses désirs de reproduction, il créa l’amour, la firme contrainte d’exister médiatiquement imagina - donc - les RP. Et l’affaire est tout sauf simple, car les intérêts de l’entreprise et de la presse sont à la fois convergents et divergents.

Teckel à poil ras

Convergents, car les sociétés ont des produits à vendre et les journalistes des articles à pondre ; divergents, car les premières essaient avec détresse de faire croire que leurs produits sont les meilleurs que notre planète ait portés, alors que les seconds sont censés écrire ce qui se rapproche le plus de la vérité. Et c’est dans cette dialectique que se noue la trame tragicomique des RP, évoquée dans cet ouvrage par des auteurs qui connaissent bien les deux "bords". Vous pensez que le journaliste est un être compatissant et enthousiaste ? Faux ! Il est ici dépeint comme une créature orgueilleuse, impatiente, superficielle parfois, suiviste souvent (en étant persuadé d’être l’anticonformisme incarné) et ayant toujours mauvais esprit. Bref, un matou, là où l’entreprise attend un teckel à poil ras.

Mais même les greffiers les plus bougons s’amadouent si on les gratte derrière l’oreille, explique le manuel. Le journaliste est un tantinet fat ? Ne lui dites pas qu’il se trompe. Car il "veut croire qu’il dispose d’une liberté d’expression (ce qui est pourtant loin d’être vrai) [sic !] et vit mal tout ce qui peut lui apparaître comme une tentative d’influer sur son indépendance". Il est ainsi possible de lui offrir un "cadeau personnalisé, libre de tout achat" (re-sic !), mais pas des choses trop chères ni trop voyantes. "Offrir une bouteille de vin à l’occasion des fêtes est appréciable. Mais lorsque le journaliste reçoit une caisse de champagne, il peut décemment ressentir un certain malaise ;" Malaise, c’est le mot... Nous espérons très fort que les lecteurs non-journalistes ne se mettront pas désormais à croire que les plumitifs sont tous achetables, à condition d’y mettre les formes...


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