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Le professionnel
lundi, 26 janvier 2004
/ Hervé CAMPET
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Le film Violence des échanges en milieu tempéré raconte les premiers pas d’un jeune diplômé candide au pays des consultants en entreprise. Impitoyable.
Philippe, 25 ans, est un jeune homme bien sous tous rapports. Le genre qui ose intervenir lorsqu’une jeune femme se fait peloter dans le métro. Le genre qu’une mère célibataire ne fait pas fuir lorsqu’il s’agit de construire une relation amoureuse. Ce blondinet rasé de près va pourtant voir sa spontanéité et sa candeur mises à rude épreuve par son premier boulot, consultant au sein du prestigieux cabinet MacGregor.
Tout se gâte lorsqu’il réalise qu’il est là pour identifier, à l’insu des intéressés, les maillons faibles de l’usine dans la perspective d’une restructuration. Quatre-vingts employés doivent rester sur le carreau. Le quart des effectifs d’une entreprise pourtant rentable à tous les étages. Pour Hugo, le supérieur hiérarchique de Philippe, la logique de ces licenciements est implacable : "c’est le marché qui veut ça." Philippe, lui, éprouve quelques états d’âme. "Une première mission, c’est comme un dépucelage", lui assène Hugo avec un sens de la métaphore sans égal. Se pose alors au blondinet le choix de résister, refuser de participer à cette opération, ne pas devenir un "coupeur de têtes". Ou d’entrer dans le moule, et devenir le rouage d’une mécanique qu’il ne se sent ni la force ni le courage d’enrayer.
Passés ces détails caricaturaux, le tableau d’ensemble apparaît plutôt réaliste. Et les états d’âme du protagoniste, assez universels. Que faire lorsque les directives professionnelles heurtent l’éthique personnelle ? Faut-il se réfugier derrière la banalité des “si je ne le fais pas, d’autres s’en chargeront”, “je ne fais qu’exécuter les ordres” ? Faut-il au contraire exercer un devoir de désobéissance ? Jean-Marc Moutout se contente de lancer le débat, sans oser avancer ses propres réponses. Dommage.
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