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Michelin : Le dérapage social
jeudi, 8 juin 2006
/ Aurelio Garcia
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Malgré la mort d’Edouard, la famille Michelin peut regarder l’avenir avec optimisme. Les clignotants sont au vert. Pour le social, peut mieux faire.
La mort accidentelle d’Edouard Michelin le 25 mai a connu un retentissement dont se serait bien passé le n°1 mondial du pneumatique. Triste fin pour le plus discret des patrons du CAC 40, passé à la postérité par la case faits divers. Le début de sa carrière avait été catastrophique.
A l’automne 1999, le jeune Edouard, âgé de 36 ans, vient de succéder à son père, François, à la tête des "bibs". En guise de baptême du feu, ce fou de vitesse se fait un prénom en annonçant deux nouvelles. Une bonne et une mauvaise. La bonne c’est l’explosion des bénéfices. Plus 20 % par rapport à l’année précédente. Les actionnaires se frottent les mains. Pas les salariés, stupéfaits qu’une entreprise bénéficiaire supprime 7 500 postes et raye d’un trait de plume un dixième des effectifs européens. "Licenciements boursiers", hurlent les syndicats et la gauche, alors au pouvoir. Un "amendement Michelin" voit le jour, signé Odile Saugues, députée du Puy-de-Dôme et ancienne cadre chez Michelin à Clermont-Ferrand. Cette mesure oblige les entreprises, qui veulent conclure un plan social à négocier d’abord un accord sur les 35 heures.
Malheureusement, les bonnes intentions ne sont pas toujours suivies d’effet. En 2004, des syndicalistes mexicains se plaignent auprès de leurs homologues français de la CGT du traitement peu social dont ils s’estiment victimes. Des salariés auraient été licenciés sans toucher les indemnités légales.
En tout cas, "l’avenir de l’entreprise est assuré", selon Michel Rollier, successeur d’Edouard Michelin. Le nouvel homme fort est un cousin de la famille. Michelin ou l’art du changement dans la continuité, pour paraphraser Valéry Giscard d’Estaing, l’autre grand homme auvergnat. Et puis l’entreprise se porte bien. 15,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2005 pour 889 millions de bénéfices : les affaires roulent.
Sources : Rapport annuel 2005, Libération, Michelin, Loi de cohésion sociale, Paroles de Bibs (documentaire), Jocelyne Lemaire Darnaud.
FICHE D’IDENTITE
Nationalité française
Créée en 1832 à Clermont-Ferrand. Baptisée Michelin en 1889
129 000 salariés (dont 34 000 en France)
Principal dirigeant Michel Rollier
Chiffre d’affaires 15,59 milliards d’euros (2005)
Bénéfice 889 millions d’euros
Marques principales Michelin et BFGoodrich (marques mondiales) ; des marques nationales : Kormoran et Euromaster ; des marques régionales : Uniroyal en Amérique du nord, Kleber en Europe, Warrior en Chine.
Principaux concurrents Goodyear et Bridgestone.
ACTIVITE
Numéro un mondial des pneumatiques avec 19,4 % de parts de marché, Michelin, c’est aussi une prestigieuse maison d’édition de guides touristiques et gastronomiques. Troisième pôle montant du groupe quoique marginal en terme de chiffre d’affaires, Via Michelin et ses logiciels de navigation personnelle embarquée pour professionnels et automobilistes lambda.