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Bleu Blanc Bouge !
mercredi, 24 mai 2006 / Arnaud Gonzague

Solidaire mais individualiste, déprimé mais reproducteur, tolérant mais parfois arriéré... Il a une drôle de trombine le Gaulois dont L’Atlas des Français d’aujourd’hui tire le portrait.

Atlas des Français d’aujourd’hui, Dynamiques, modes de vie et valeurs, Laurence Duboys-Fresney, Ed.Autrement,184 p., 2 €

C’est un exercice assez amusant que Socrate aurait sans doute conseillé, lui qui était adepte du "connais-toi toi-même". Faites parcourir L’Altas des Français d’aujourd’hui au gré des envies du lecteur ; laissez-le y piocher librement des informations sur l’économie, la démographie, les modes de vie, la consommation, les valeurs... Refermez le livre et demandez-lui un compte-rendu de ce qui paraît le plus pertinent : gageons alors que chacun, selon ses orientations philosophiques, y verra le verre à moitié vide ou à moitié plein. Ainsi, on pourra faire observer que les inégalités ont fortement baissé depuis cinquante ans et que même ces 10 dernières années, le niveau de vie moyen des Français a crû d’environ 2% par an (et 16% pour les plus pauvres). Mais on pourra aussi rétorquer que quand on demande aux mêmes Français s’ils pensent que les inégalités ont augmenté depuis 10 ans, ils répondent "Oui"... à 81% !

Paradoxe ? En fait, la réalité est complexe : "Il n’y a pas de montée générale de la pauvreté ; il y a, par contre, une profonde dégradation de la condition salariale", qui passe par la hausse continue du chômage et de la précarité, explique L’Atlas. Quant à l’élévation du niveau de vie, il est poussif chez les classes moyennes (on ne saurait d’ailleurs trop conseiller de se pencher sur le premier chapitre, remarquable, consacré à cette catégorie maltraitée par la mondialisation), d’où un sentiment tenace - mais mathématiquement infondé - de régression.

Oui aux femmes mais non aux patronnes

De même, l’optimiste notera que le taux d’activité professionnel des femmes, qui s’élevait à 50% en 1975 (contre 80% pour les hommes) a rejoint aujourd’hui celui des mâles à environ 60%. Et que les métiers interdits aux femmes ont presque disparu. L’esprit chagrin (ou militant) indiquera, lui, que les entreprise françaises sont particulièrement peu enclines à donner les rênes aux femmes, puisque 17% des PDG sont des PDGères. Pire : il notera que ce piètre résultat est toujours meilleur que les 12, 3% de femmes députées ! Un dernier pour la route, afin se remonter le moral en cette période de flambée immobilière ? "Un nombre supérieur de jeunes ménages accèdent à la propriété plus tôt que les générations précédentes". Et chut ! Pas un mot sur l’explosion du surendettement.

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