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“L’eau gratuite est un non-sens”
jeudi, 11 mai 2006 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

, / Cire

Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement, défend le bilan de la multinationale dans les pays en voie de développement.

Suez Environnement a dû quitter plusieurs pays en voie de développement. Comment expliquez-vous ce revers ?

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Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement (PhotoDR)

Jean-Louis Chaussade : Comme d’autres grandes entreprises, nous nous sommes heurtés aux changements politiques successifs qui n’ont pas favorisé le bon déroulement de ce contrat. Le mouvement de nationalisation des hydrocarbures annoncé les jours derniers par le gouvernement bolivien en est l’exemple le plus récent. Le premier enseignement que nous tirons de cette expérience est que le financement des infrastructures par le secteur privé dans les pays émergents tel qu’il a été développé dans les années 90, à travers des concessions longues, n’est pas viable. Ces grandes concessions impliquent des investissements sur le long terme. Ceux-ci ne correspondent pas au rythme politique et aux oscillations économiques qui surviennent dans ces pays.

On a le sentiment d’un divorce entre les multinationales de l’eau et les pays en développement. Les objectifs du Millénaire ne permettent-ils pas de réconcilier public et privé ?

Parler de divorce, c’est ignorer qu’au cours des douze dernières années, nous avons apporté l’eau potable à près de 10 millions d’habitants dans les pays émergents et avons connecté 4,5 millions d’habitants à un réseau d’assainissement. Nos équipes se mobilisent quotidiennement pour contribuer aux objectifs du Millénaire. Depuis 1993, Suez Environnement a développé plusieurs projets d’extension et d’amélioration des services d’eau et d’assainissement dans les quartiers défavorisés des villes qu’elle dessert. Elle participe à une réflexion, en partenariat avec les autorités locales, pour mettre en place des mécanismes tarifaires équitables, permettant de rendre ces services financièrement accessibles au plus grand nombre.

Pourquoi ne pas permettre l’accès gratuit à l’eau potable pour tous ?

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A Port-au-Prince, des enfants transportent des seaux d’eau à pied jusqu’à leur habitation (Photo : Roger LeMoyne)

L’accès à l’eau est un droit fondamental qui doit être défendu par chacun d’entre nous. Pour autant, aujourd’hui tout le monde - les ONG les premières - s’accorde à dire que défendre le principe de l’eau potable gratuite est un non sens ! L’accès à l’eau potable, qu’il soit assuré par les collectivités locales ou un partenaire privé, suppose de mettre en place un service public qui assure la collecte, le traitement, la sécurité sanitaire et la distribution de cette eau potable. Ce type de service suppose des investissements très importants et une expertise technologie pointue. L’accès à l’eau ne peut donc, par définition, pas être gratuit. Par ailleurs, donner une valeur à l’eau, même symbolique, est une notion importante pour éviter les gaspillages. C’est reconnaître la nécessité de la protéger et de la préserver.

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VEOLIA ET SUEZ EN CHIFFRES

Veolia Eau Chiffre d’affaires : 9,8 milliards d’euros (2004) 67 848 salariés dans le monde (2004) Présence dans 55 pays

Suez (eau) Chiffre d’affaires : 6,1 milliards d’euros 30 000 salariés dans le monde Présence dans 80 pays (eau + propreté)



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A Port-au-Prince, des enfants transportent des seaux d’eau à pied jusqu’à leur habitation (Photo : Roger LeMoyne)
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Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement (PhotoDR)
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