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La planète bleue a soif
jeudi, 11 mai 2006
/ David Solon / Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco , / Cire |
En 2000, le Pacte du Millénaire signé sous l’égide des Nations unies engageait l’humanité à réduire de moitié d’ici à 2015 l’extrême pauvreté sur la planète. Au cœur du dispositif : l’eau. Sa gestion, sa qualité, son partage. Six ans plus tard, le bilan tient en trois chiffres : 1,2 milliard d’êtres humains sans accès à l’eau potable ; 2,4 milliards de personnes ne disposant pas de réseau d’assainissement ; chaque jour, 22 000 décès liés à la pénurie d’eau potable. Le débat est à l’échelle planétaire et engage notre avenir. Explications.
Luanda, Angola. Mai 2006. Ici, on meurt du sida bien sûr, mais aussi du choléra. L’une des maladies les plus faciles à
traiter : de l’eau potable, une cure de réhydratation quand il n’est pas trop tard et le tour est joué. Mais pas en Angola, où, selon les équipes de Médecins sans frontières, 20 000 cas ont été recensés ces derniers mois et où la barre des 1 000 victimes devrait être dépassée rapidement. Car la maladie va et vient dans le pays, où près d’un habitant sur deux manque d’un accès à l’eau potable.
ENVIRONNEMENT
17 000 : le nombre de m3 disponibles en eau potable par personne et par an sur la planète en 1950. Selon les démographes qui prévoient une population mondiale de 8 milliards en 2025, ces ressources tomberont à 5 000 m3 par personne et par an à cette date.
90 % : le niveau des catastrophes naturelles liées à l’exploitation de l’eau (détournement des fleuves, déforestation, cultures irriguées...)
On pourrait multiplier les exemples. De conflits - plus de 300 en cours ou potentiels recensés par l’ONU comme celui qui oppose la Palestine à Israël - de situations d’urgence, comme celle vécue en ce moment même par la population somalienne. Partout, l’eau pose question. Pourtant, et contrairement à une idée reçue, la planète n’est pas à sec : l’eau recouvre 70 % de la surface du globe. Mais ce réservoir n’est constitué qu’à 3 % d’eau douce, dont 0,3 % provient des lacs et des rivières, le reste étant stocké dans les calottes polaires et les glaciers. Or, l’eau est vitale. Il est possible de survivre plusieurs semaines sans manger, mais seulement deux à trois jours sans boire.
La croissance démographique, l’urbanisation de la planète, la généralisation des cultures irriguées, surtout, ont rendu la situation critique. Pourtant, on ne compte plus les symposiums, les nouvelles institutions et les grands programmes. Dernier rendez-vous : le 4e Forum de l’eau organisé à Mexico en mars dernier. Cette grand-messe réunissant plus de 10 000 personnes n’a débouché que sur un mince filet de propositions concrètes. L’urgence est admise de tous, mais les décisions courageuses ne suivent pas. Selon Gérard Payen, qui préside le Conseil mondial de l’eau (CME), basé à Marseille, 10 milliards d’euros par an suffiraient à "garantir assainissement et eau potable à ceux qui n’ont rien et il faudrait 15 à 20 milliards, pour ceux déjà approvisionnés". Sensiblement plus que les 13 milliards d’euros investis chaque année dans ce secteur.
Cette année, la Banque mondiale dépensera 3,5 milliards de dollars pour son programme Eau. Accusée longtemps d’avoir ouvert la voie aux multinationales pour l’obtention de contrats, la Banque fait aujourd’hui machine arrière et n’a plus qu’un mot à la bouche : "micro-projets". Car entre secteurs public et privé, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.
Philippe Texier, conseiller à la Cour de cassation à Paris est membre du tribunal latino-américain de l’eau. Composé de juristes, de sociologues et de scientifiques, ce tribunal civil tient régulièrement des sessions et tente de relayer dans les médias les litiges liés au précieux liquide. "Nous sommes une caisse de résonance, explique-t-il. Nous pouvons aussi bien nous faire l’écho d’erreurs d’appréciation écologique comme dans le cas des gisements miniers à ciel ouvert du Nicaragua, dénoncer le choix du gouvernement équatorien dans la construction d’un barrage, que donner raison à la population bolivienne face à Suez". Les condamnations sont bien entendu "symboliques". Pour autant, elles ne sont pas inutiles. "Il est extrêmement difficile pour la population de comprendre les relations entre une multinationale et un gouvernement par exemple, commente le magistrat. Ces sessions ont donc le mérite d’apporter un peu de lumière". Lire la suite
INDUSTRIE
1 300 : le nombre de litres d’eau nécessaires à la fabrication d’un tee-shirt en coton.
10 : le nombre de litres pour produire 1 seul litre d’essence.
100 000 : l’incroyable quantité de litres d’eau pour la fabrication de 1 kg d’aluminium.
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L’eau est devenue une urgence planétaire (photo CICR) JPEG - 28.1 ko 220 x 327 pixels |
Une vendeuse d’eau potable au Burkina Faso (Photo : M-A Leplaideur/Syfa International) JPEG - 24.4 ko 330 x 222 pixels |