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Aide-toi, l’Adie t’aidera
jeudi, 11 mai 2006 / Anne Daubrée

Nul besoin de vivre au Bangladesh pour bénéficier du micro-crédit. En France, l’Adie aide les sans-le-sou à lancer leur entreprise.

Mino Delavictoire, une belle femme d’une cinquantaine d’années, rafole des bibis. Mieux : aujourd’hui, elle les vend. Les chapeaux qu’elle créé se vendent dans les boutiques chics de la capitale et c’est grâce à l’Adie, l’Association pour le droit à l’initiative économique, qui lui a accordé un micro-crédit il y a trois ans. Mino, qui avait toujours exercé des métiers créatifs, a pris de plein fouet la crise du marché du travail. En 2001, elle était plantée sur la case ANPE. Deux années de bilan de compétence et de stages plus tard, elle est enfin en mesure de lancer son projet.

Strapontin financier

Reste un obstacle : le financement. Mino n’envisage pas de téléphoner à sa banque. "Impensable", se souvient-elle. Elle pousse alors la porte de l’Adie. Et tout s’accélère. Un premier prêt de 5 000 euros lui est octroyé par l’association ; il tombe sur son compte un mois seulement après l’entretien. Le taux d’intérêt est nul pour la moitié de la somme, et de 5,2 % pour le solde, remboursable en deux ans. Elle crée sa société, achète des mètres de feutre, des kilos de plumes, ainsi qu’une voiture pour présenter ses couvre-chefs dans les salons. Deux années plus tard, convaincue par le sérieux du projet, l’Adie remet au pot et lui propose 8 000 euros supplémentaires. En revanche, impossible de viser plus haut. Les sommes à sa disposition sont insuffisantes ouvrir une boutique. Pour cela, elle devra se tourner vers une "vraie" banque.
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Mino Delavictoire (photo : Romain Joly)

C’est l’objectif de l’Adie : faire office de marche-pied pour ceux à qui les banquiers claquent la porte au nez et les aider à intégrer le système économique classique. Depuis la création de l’association, en 1989, 26 000 pauvres, Rmistes ou chômeurs de longue durée pour la plupart ont monté leur entreprise à l’aide des 98 millions d’euros prêtés. C’est Maria Novak, polonaise d’origine et économiste de formation, qui a transposé dans l’Hexagone la pratique du crédit solidaire découvert en Afrique, au cours de ses missions pour l’Agence française de développement. Aujourd’hui, l’Adie est reconnue : les banques privées financent l’essentiel des prêts, qui sont garantis par le FGIE, le fonds de garantie d’insertion par l’économique.

Mieux, 80 % des personnes qui sollicitent l’Adie lui sont adressées par l’ANPE ou des structures qui couvent les projets individuels. C’est ainsi sur les conseils de l’une d’entre elles, une boutique de gestion sous-traitante de l’ANPE, que Mino a pu entrer en contact avec l’Adie.

Sur mesure

"Lorsque je leur ai exposé mon projet, j’ai dû démontrer que le budget prévisionnel était réaliste", se souvient Mino. Car la commission d’experts qui examine les dossiers se montre aussi pointilleuse sur la qualité des projets que celles des banques classiques. En 2005, le taux d’impayés n’excédait par 6,54 % des sommes prêtées. Et, deux ans après leur création, 2 entreprises sur 3 nées grâce à l’Adie existent toujours. Mieux que la moyenne nationale. En France, des centaines de bénévoles, marketeurs confirmés, experts comptables et commerciaux dispensent gratuitement leurs conseils. Pour consolider un dossier trop faible, et obtenir enfin un prêt. Puis, pendant les deux années qui sui- vent, ils accompagnent l’entrepreneur. Mino n’en a pas ressenti le besoin, contrairement à d’autres, comme Alain Dominique. Ce dernier, qui a monté la biscuiterie "Ptit cake" après quatre ans de chômage, a choisi de se faire épauler pour gérer et administrer son entreprise au quotidien.

Financer son projet grâce à l’Adie

Chapeau bas !


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Mino Delavictoire (photo : Romain Joly)
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