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Bruxelles dorlote ses bébêtes
jeudi, 30 mars 2006
/ Pauline HERVE
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La Commission s’est donné cinq ans pour améliorer le sort des petits et des gros animaux qui arpentent son territoire. Pour l’heure, ça remue sec dans la ménagerie.
Tremblante du mouton, vache folle, grippe aviaire... Alors que l’Europe frissonne face aux risques de pandémies animales, la Commission européenne se penche sur le sort de nos amis à poils et à plumes. Fin janvier, Markos Kyprianou, commissaire à la Santé et à la protection des consommateurs, a présenté un "plan d’action destiné à améliorer la protection et le bien-être des animaux au cours des cinq prochaines années". Les bêtes sauvages, d’élevage et de laboratoire sont concernées. Médor le caniche ou Canaille le siamois, dont le bon traitement relève de la responsabilité des Etats membres ne sont, eux, pas concernés. L’objectif du plan est simple. Il s’agit, d’ici à 2010, d’agir sur cinq grands domaines.
Le plan mentionne également "une meilleure information des professionnels et du public sur les questions du bien-être des animaux". Un JT européen entièrement dédié à nos amis les bêtes ? La Commission vise plutôt l’information des consommateurs. Selon une enquête Eurobaromètre publiée en juin dernier, "57 % d’entre eux seraient prêts à payer davantage pour des denrées alimentaires respectueuses des animaux". En gros, si c’est bon pour les bêtes, c’est bon pour les ventes. La Commission recommande donc l’introduction de meilleures stratégies pour l’étiquetage, les labels et la communication. De quoi faire son choix dans les rayons des supermarchés en suivant un éventuel euro-label "bien-être des animaux".
Une initiative à laquelle s’ajoute le quatrième volet du plan : "l’introduction d’indicateurs de bien-être normalisés", qui permettraient de mesurer le traitement des animaux selon les mêmes critères dans tous les pays membres. Enfin dernier point : le "soutien aux initiatives internationales en matière de bien-être des animaux". Face à la concurrence des pays tiers, avantagés par des coûts fixes et de main-d’œuvre peu élevés, l’UE veut s’afficher comme le chantre du respect des animaux.
Autre hic : lorsque la Commission a présenté son plan au Conseil des ministres de l’Agriculture, tous les pays membres s’y sont montrés favorables, sauf un : la France. Le ministère de Dominique Bussereau craint le surcoût présenté par ces mesures "dans un contexte de concurrence accrue à l’échelle mondiale". A peine présenté, le plan fait donc débat. Au vu du programme pour les cinq années à venir, les pays membres n’ont pas fini de s’écharper sur le sort de nos amies les bêtes. Adieu veaux épanouis, vaches souriantes, cochons bienheureux ? Réponse en 2010.
* Le texte de la Commission en ligne
LES CHIFFRES
Plus de quatre millions de poulets sont élevés dans l’Union européenne chaque année, dont 800 millions en France. La majorité de cette production se fait de manière intensive.
Il existe aujourd’hui en Europe 175 millions d’ovins et de caprins, dont 70 millions d’agneaux abattus chaque année.
Les 25 pays membres ont produit en 2005 plus de vingt millions de tonnes de viande de porc, et plus d’un million de tonnes de viande bovine.
L’UE est le premier producteur mondial de lait, avec 111 millions de tonnes par an.
En France, 9 porcs sur 10 sont élevés industriellement, 9 veaux sur 10 viennent du secteur intensif. Et sur 100 oeufs consommés par les Français, 95 sont pondus par des poules de batteries.
64% des Français estiment que le bien-être des animaux d’élevage est insuffisamment pris en compte. Ce résultat est même de 10 points supérieur à la moyenne européenne.
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