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"L’Europe est en pleine contradiction"
jeudi, 16 mars 2006 / X , / Simon Barthélémy

Pour Sophie Dupressoir, responsable "développement durable" au sein de la Confédération européenne des syndicats, la lutte contre l’effet de serre peut servir l’emploi.

Terra Economica - Votre manifeste Investir dans un avenir durable prône les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique des bâtiments des transports respectueux de l’environnement. Les syndicats passent du rouge au vert ?

Ce qui nous intéresse, c’est le potentiel bénéfique de ces mesures pour l’indépendance énergétique, la lutte contre l’effet de serre, l’emploi et le pouvoir d’achat : nous voulons réduire de 50 % le taux de pauvreté thermique, c’est à dire aider les ménages dans l’incapacité de régler leur facture d’électricité ou de chauffage. Il faut agir sur la demande et développer les énergies renouvelables.

Elles créent des emplois dans la recherche comme des postes non qualifiés, la collecte des déchets notamment. Et ce sont des emplois stables, adossés à des réglementations et des territoires. Mais les syndicats sont influencés par les choix énergétiques de leur pays : la CGT défend le nucléaire, les Espagnols se battent pour développer l’éolien. Pourtant les résultats sont clairs : en Allemagne, les énergies renouvelables emploient 150 000 personnes contre 18 000 dans le nucléaire.

Êtes vous satisfaits des politiques européennes ?

Elles vont dans le bon sens en fixant aux Etats des objectifs à atteindre. Mais ceux-ci sont indicatifs et insuffisants : les 12 % de consommation énergétique d’origine renouvelable en 2010 ne seront pas atteints dans la plupart des pays. Nous sommes pour des objectifs contraignants, particulièrement sur l’efficacité énergétique des bâtiments. Pour financer les renouvelables, nous plaidons pour des tarifs d’achat élevés et pour la taxation des profits des pétroliers. C’est ce que demandait l’UFC-Que choisir après l’annonce des résultats mirobolants de Total.

De plus, la libéralisation du marché de l’électricité en Europe a accru la concentration des entreprises dans ce secteur, détruisant 300 000 emplois. Or la volonté de baisser les coûts n’incite pas à réaliser des investissements de long terme, dans les renouvelables par exemple. La Commission refuse de regarder en face les contradictions de sa politique : d’un côté elle cherche à réduire la consommation énergétique, de l’autre elle espère que l’ouverture des marchés va faire baisser les prix... afin d’accroître la consommation !

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La Confédération européenne des syndicats (CES) comprend actuellement 79 organisations membres, issues de 35 pays européens. En France, la CFDT, la CFTC, la CGT, Force Ouvrière et l’UNSA appartiennent à cette confédération qui dit rassembler 60 millions de travailleurs.


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