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L’homme qui change les dollars en Big Mac
jeudi, 16 février 2006
/ Caroline Montaigne
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Un journal britannique a choisi un hamburger pour mesurer la santé de votre monnaie. Appétissant, mais pas vraiment rassasiant, répondent les spécialistes.
Un steak haché, trois feuilles de laitue, une tranche de fromage, des cornichons, quelques oignons, le tout faisant trempette dans une sauce aux poivrons rouges séchés, et bien calé sur deux étages de pain de mie au sésame. Tout le monde connaît le Big Mac, ce sandwich commercialisé par McDonald’s dans 120 pays. Partout la même recette, les mêmes ingrédients, au gramme près, à l’exception de l’Inde où le steak est remplacé par du poulet.
"L’indice Big Mac veut rendre la théorie du taux de change facile à digérer", claironne l’hebdomadaire. L’idée est, certes, séduisante mais tarde à faire l’unanimité chez les économistes. "Cet instrument possède plusieurs qualités : il est publié très régulièrement, simple et rapide à comprendre. Cela dit, il présente aussi beaucoup de défauts", tempère Nicolas Rautureau, maître de conférences à la Faculté de sciences économiques de Nantes. A commencer par son mode de calcul. Les prix du Big Mac sont exprimés dans la monnaie locale de chaque pays puis convertis en dollars. "Le fait même d’utiliser les taux de change courants est une aberration. Cela ne se fait jamais car on sait très bien qu’ils peuvent être influencés par divers facteurs comme la spéculation ou les mouvements financiers", ajoute Yannick Le Pen, maître de conférences à l’université de Nantes.
L’Union bancaire de Suisse (UBS) contourne l’obstacle et propose une variante. L’idée consiste à mesurer le coût local d’un Big Mac en fonction du temps de travail qu’il représente pour un salarié. Il faut ainsi 9 minutes à Chicago contre 3 heures à Nairobi ! "C’est un indicateur plus fiable car il prend en compte les différents salaires des pays mais il est plus compliqué et moins fréquemment publié", remarque Nicolas Rautureau.
L’indice Big Mac est en fait performant quand il regarde au loin. Lors du lancement de l’euro en 1999, il révélait que la monnaie européenne était surévaluée, laissant entendre qu’elle allait baisser. Une analyse qui allait, à l’époque, à l’encontre de l’avis de nombreux économistes. L’indice avait pourtant vu juste. Coup double avec le yuan aujourd’hui ? Dans le sens inverse alors. La monnaie chinoise est considérée, par l’indice Big Mac, comme fortement sous-évaluée (ce qui explique pourquoi les vêtements chinois sont à bas prix), et devrait repartir à la hausse dans les mois et les années à venir. Or, cette fois-ci, le sandwich n’est pas seul contre tous puisque les Etats-Unis partagent cette analyse.
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