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Mines d’or : des satellites traquent la déforestation
vendredi, 28 octobre 2011 / Marie Molinario

En quelques années, plusieurs dizaines de milliers d’hectares de forêt ont fait les frais du développement de l’orpaillage sur le plateau des Guyanes, selon une évaluation du World Wildlife Fund réalisée à partir de données satellites.

Les images satellite permettent aujourd’hui de mieux mesurer la déforestation. Elles ont notamment révélé l’ampleur du désastre en Amazonie. Le WWF a donc décidé de s’en servir dans une étude sur l’impact de l’activité aurifère sur le plateau des Guyanes. L’ONG internationale publie le rapport final de cette étude - achevée en mars 2010 - le 21 octobre dernier. Réalisée avec l’aide de la direction régionale de l’ONF, elle porte sur l’ensemble des trois Guyanes (la Guyane française, le Suriname et l’Etat du Guyana) et sur une partie du territoire brésilien de l’Amapá, soit une étendue de 525 404 km2 abritant de nombreuses mines d’or souvent difficiles d’accès.


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Résultat : la déforestation liée à l’orpaillage (légal ou illégal) a été multipliée par 2,93, passant de 22 316 hectares en 2 000 à 65 464 hectares en 2007-2008. L’augmentation la plus forte a eu lieu en Guyane française. Là, le grignotage des forêts (repéré en suivant les cours d’eau, nécessaires à l’exploitation de l’or) est passé de moins de 200 ha par an en 1991 à 1 500 ha en 2 000, se stabilisant à 1 000ha/an sur la période 2006-2008. WWF attribue cette augmentation à la crise financière qui fait grimper le cours de l’or (+300% en 10 ans).

« Jusqu’à présent, aucune donnée ne permettait de quantifier l’impact de ce phénomène destructeur tant au niveau environnemental que social et sanitaire. Sans données, pas de prise de conscience possible et pas d’actions de lutte ou de contrôle », précise le rapport. L’ONG préconise un meilleur suivi de l’impact des mines d’or sur l’environnement et invite à la mise en place d’un observatoire des pratiques et d’une coopération transfrontalière. En comparant les zones déforestées aux zones des permis attribués par les pays, les données satellite permettraient un meilleur suivi des exploitations illégales. Encore aujourd’hui, on ignore la provenance de plus de 95% de l’or extrait chaque année dans le monde.

Et ce rapport ne se contente pas de repérer les zones touchées par le phénomène. Il met en lumière une destruction de l’habitat qui pourrait être irrémédiable. La déforestation mais aussi la contamination des écosystèmes par le mercure sont en effet les premières conséquences de l’orpaillage. Des risques qui ne font apparemment pas peur aux Ecossais : après un premier refus, l’ouverture de la première mine commerciale d’or et d’argent du pays a été approuvée le 25 octobre dernier. Elle sera située à Cononish dans le parc national du Loch Lomond. La compagnie exploitante a promis de restaurer le paysage au terme de son permis de 10 ans.