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En vert et contre tous
vendredi, 28 octobre 2011
/ Arnaud Gonzague
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Fournier, précurseur de l’écologie de Patrick Gominet et Danielle Fournier. Les cahiers dessinés 288 p., 24 euros
Une certitude d’abord : l’aventure de Hara-Kiri est la plus belle, la plus noble, la plus exaltante que la presse française ait portée au XXe siècle. Cavanna, Choron et leurs petits gars ont fait entrer la France dans la moquerie, la noirceur et le désabusement – autrement dit, dans la modernité. Leur secret pour s’élever au-dessus de leur époque ?
Etre totalement à côté de la plaque, hors des préoccupations du temps. Des ovnis. Et parmi eux, un ovnissime qui portait un patronyme des plus ordinaires, Pierre Fournier, et était vêtu d’un costume-cravate-chapeau d’employé de la Caisse des dépôts et consignations (ce qu’il était). Ce type est un héros. Pierre Fournier, dessinateur au trait pointu et à la plume rageuse, s’est passionné pour l’écologie à une époque où le mot n’existait pas dans les dictionnaires (il y est entré en 1965 et « écologisme » dix ans plus tard), bien avant que René Dumont se présente aux élections.
Il écrit ça en 1970 et on reste confondu par la justesse de la prédiction – même si c’est plutôt trente ou quarante ans que vingt. Pierre Fournier a eu la mauvaise idée de mourir en 1973 à seulement 35 ans. Il a laissé sa Gueule ouverte orpheline, avec son sous-titre incroyable (« Le journal qui annonce la fin du monde ») et ses prédictions enquiquinantes, que personne ne voulait croire. Rétrospectivement, on aurait adoré qu’il se trompe, quand, dans un dessin de 1971, il disait : « Nous n’avons pas de planète de rechange. » —
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