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La mort est leur business
jeudi, 19 janvier 2006
/ Gilles Gauret
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/ Roxane Arleo
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Davantage de vieux, davantage de sous ! Atypique, le secteur du funéraire cultive la différence... comme tous les bons vivants.
Pour réussir dans le funéraire, il y aurait, dit-on, trois règles d’or : l’emplacement, l’emplacement et l’emplacement. Exemple à la sortie de la mairie du XVe arrondissement à Paris. Quasi sur le perron s’offrent au choix du chaland endeuillé pas moins de quatre sociétés de pompes funèbres. Car c’est à la mairie que s’effectue la première démarche après la mort d’un proche, la déclaration du décès. Deuxième cible, les hôpitaux et maisons de retraite. Aujourd’hui, plus de 80% des décès ont lieu dans des centres de soins, 518000 en 2004, en nette baisse par rapport à 2003. "Les affaires ne vont pas bien, se lamente François Bouis, président de la Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire. Ceux qui sont morts pendant la canicule de 2003 ont manqué en 2004. On ne meurt qu’une fois. Mais avec cette vague de froid, ça devrait repartir !" Cynique ? Logique plutôt, pour un homme qui dit pratiquer "le marketing de l’au-delà où les études de marché se font dans les cimetières"(1).
Pour ceux qui ne peuvent se déplacer, on propose d’entretenir et de fleurir les sépultures à leur place. Et de leur envoyer des photos. La mort connaît aussi ses tendances, la crémation étant la plus visible. Problème pour les opérateurs, cela rapporte moins qu’une inhumation (environ -15%). Alors on meuble la cérémonie (un corps met 1 heure et demi à brûler) avec de nouveaux services (musique...), facturés bien sûr. Et les prix s’en ressentent. Si une baisse a été constatée juste après la libéralisation de 1993, la tendance est plutôt maintenant nettement à la hausse, bien au-dessus de la moyenne nationale, + 3,4% en 2003 (source INSEE).
Coups bas et omerta
"Le marché de la mort est un des plus obscurs, où règnent la non-transparence, sur les prix notamment, et la loi du silence" affirme Michel Kawnick, président de l’AFIF, l’association française d’information funéraire. "Je recevais des cercueils en carton dans la boîte aux lettres" se rappelle-t-il, amusé, quand il a créé son association. "Le funéraire est un service public commercial et concurrentiel. Et il n’existe pas d’éthique commerciale spécifique à ce secteur". Pour preuve, il aligne les nombreuses condamnations du Conseil de la Concurrence depuis plusieurs années. Une entreprise se distingue, les PFG encore (550000 euros d’amendes rien qu’en 2005).
Il existe des ententes sur les secteurs, en particulier avec des établissements de soins, qui orientent parfois les familles vers certaines chambres funéraires, donc un service de pompes funèbres, ce qui est rigoureusement interdit. Des familles endeuillées et prises au dépourvu qui "peuvent être aisément manipulables" selon Michel Krawnick, qui constate tout de même des progrès : "en 1992, seuls 3% des familles demandaient un devis, aujourd’hui plus de 60% ont eu au moins deux devis." Une étude récente du CREDOC, commissionné par des professionnels du funéraire, montre que 96% des interrogés ont été satisfaits de leur opérateur. De quoi donner le sourire à Isabelle Dubois-Costes, d’OGF (PFG...) 25% du marché : "le secret c’est le bouche à oreille. Si on se plante sur la qualité, on est mort !(sic)".
(1) dans la Lettre d’information de la CSNAF de mars 2005
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