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Taxer la malbouffe : êtes-vous pour ou contre ?
lundi, 3 octobre 2011 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Depuis samedi, les Danois payent plus cher les produits gras. En France, ce sont les sodas qui sont visés. Ces taxes sont-elles vraiment efficaces ? Risquent-elles de pénaliser les plus modestes ? Donnez-nous votre avis.

Ils pourront toujours se goinfrer de beurre, de Nutella et de viande rouge. Mais pour plus cher. Ce samedi, les Danois ont vu débarquer la « fat tax ». En clair, un écot prélevé à hauteur de 16 couronnes (2,15 euros) par kg de graisse saturée sur les produits riches : pizza, viande, plats préparés… L’objectif est clair, il s’agit de lutter contre l’obésité qui touche 13,4% de la population du royaume et d’améliorer une espérance de vie peu reluisante. En 2009, celle-ci atteignait péniblement 79 ans selon l’OCDE contre 81 ans en France , 81,6 en Australie ou 81,8 en Espagne.

D’autres pays ont adopté des mesures similaires ou prévoient de le faire. En Hongrie, une taxe surnommée la « Hamburger law » a été introduite en septembre. Elle touche les sodas, pâtisseries et snacks salés. En France, le gouvernement pourrait taxer les boissons sucrées dès 2012.

Mais la fiscalité sur la junk food est-elle efficace ? A en croire une étude de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) parue en octobre 2010, augmenter de 10% le prix des produits gras ou sucrés pourrait entraîner une baisse de 3,4% des achats de calories pour les ménages aisés et de 3,6 % pour les plus modestes. Assez pour améliorer la santé des individus ? Modestement à court échéance mais plus significativement à terme : « L’application de la taxe sur les trois groupes de produits (fromage/beurre/crème, plats préparés et produits gras et sucrés, ndlr.) conduirait, pour un homme âgé de 30 à 60 ans, pesant 70 kg, pratiquant une activité physique légère et appartenant à un ménage aisé, à réduire son poids de 136 g au bout d’un mois, de 1,351 kg après un an et de 2,7 kg neuf ans après pour atteindre alors le poids de 67,3 kg », souligne ainsi le rapport.

La mesure risque en revanche de peser lourd sur les épaules des plus modestes. C’est l’inquiétude exprimée notamment par la Chambre de commerce danoise fin 2010 et reprise dans les colonnes du Copenhagen post. A l’approche des fêtes, celle-ci s’alarmait ainsi que le prix d’un canard bon marché puisse grimper de 13,6% tandis que le ministère des Finances tablait sur une augmentation du beurre de 14% et de la margarine de 21%.

Reste un gagnant assuré. En améliorant la santé de ses concitoyens, l’Etat pourrait renflouer ses caisses. Et contrebalancer ainsi les dépenses occasionnées par la prise en charge des pathologies liées au surpoids et à l’obésité. En France par exemple, la taxe sur les produits sucrés pourrait permettre de rassembler 120 millions d’euros.

Et vous qu’en pensez-vous ? Faut-il généraliser les taxes sur la malbouffe ? Laissez vos messages au bas de forum, les meilleures contributions seront republiées dans le magazine.