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Crise financière : comment faire pour en sortir
vendredi, 30 septembre 2011 / Arnaud Gonzague

Si, c’est possible ! Sans doute pas grâce à trois mesurettes et en un tournemain. Mais l’issue de la grave dépression économique que vit le monde n’est pas forcément fatale. Voici pourquoi.

« Une des plus violentes tempêtes du siècle », « une spéculation plus imprudente et risquée qu’aucune autre connue dans l’époque moderne », « le plus grand cycle d’expansion et d’effondrement spéculatif des temps modernes »… Ces citations, compilées par l’historien Charles Kindleberger, ne datent pas du mois dernier, mais respectivement de… 1772, 1847 et 1929 ! La preuve que le capitalisme a déjà été plusieurs fois secoué par des crises retentissantes. Mais il faut le dire : celle qui accable l’Europe et les Etats-Unis depuis cet été a quand même un petit goût de nouveau. Pour la première fois, l’oncle Sam a failli ne jamais boucler son budget, comme une PME mal en point. Pour la première fois, une agence de notation a affublé ce premier de la classe d’un bonnet d’âne. Pour la première fois, des membres de la zone euro – la Grèce, l’Irlande, le Portugal – ont frôlé la banqueroute, au point de faire tanguer les 17 et d’obliger la Banque centrale européenne à sortir l’extincteur. Et désormais, c’est le risque de récession qui pointe à nouveau le bout de son sale museau. Or, que reste-t-il dans la cartouchière des pouvoirs publics pour lutter ? Rien ou presque, la case « austérité » ayant été cochée depuis belle lurette.

Goût de nouveau, oui. Goût de ras-le-bol aussi. Et pas seulement chez les « indignés » athéniens et madrilènes. Car cette crise de l’endettement n’est pas le fruit de l’insouciance des Etats qui, comme la cigale de la fable, auraient guinché tout l’été sans se préoccuper du frimas. Elle vient du fait qu’en 2007 et 2008, les contribuables ont dû se saigner à blanc pour secourir les banques empêtrées dans la crise des « subprimes » et ses dommages collatéraux, qui n’ont qu’une cause : l’irresponsabilité des acteurs de la finance. En est-on sorti échaudé au moins ? Même pas. La régulation financière, promise main sur le cœur par le G20 il y trois ans, s’apparente encore à un vœu pieux. La taxe sur les transactions financières, « nécessité évidente », selon la chancelière allemande Angela Merkel, continue d’appartenir à l’espèce foisonnante des serpents de mer. Et les mêmes virtuoses de la City ou de Wall Street continuent d’engloutir les mêmes bonus exorbitants gagés sur les mêmes prises de risque inconsidérées. Comment leur en vouloir, puisqu’en 2010, les plus gros hedge funds – les fonds hyperspéculatifs – ont enregistré des profits records, bien supérieurs à ceux des premières banques, dans un climat d’impunité qui n’a pas varié d’un pouce ?

Le fait est qu’on ne peut pas demander à une civilisation qui marche sur la tête de filer droit. Voilà pourquoi il est nécessaire de la faire entrer dans une nouvelle ère. Comme l’a avancé Henry Kissinger, ancien secrétaire d’Etat américain peu connu pour son optimisme débordant, « cette crise est la chance de construire un nouvel ordre mondial ». Mais que faire ? Et par où commencer ? Il nous a semblé nécessaire, pour répondre à ces questions, de tendre le micro à une poignée de penseurs avisés – économistes, environnementalistes, associatifs… – et de dévoiler les pistes qu’ils prônent pour que cette crise ne revoie jamais le jour. Ce qu’ils défendent n’est ni un coup de plumeau, ni un coup de Kärcher : c’est un coup de pied dans nos frilosités. —


SOMMAIRE

PISTES Crise : les penseurs imaginent le monde d’après Economistes, activistes et prospectivistes, tous développent des pistes pour accéder à cette société meilleure.
INITIATIVES Pays de la Loire, Norvège, Brésil… Le futur a déjà commencé Un peu partout dans le monde, des initiatives préfigurent le temps des éclaircies, après la tempête économique.
REPÈRES Le monde à la relance A chaque crise, les gouvernants tentent de faire repartir la machine en mettant en place tour à tour des politiques conservatrices ou progressistes. Tour d’horizon.

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