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Le « care », aux petits soins de l’individu
vendredi, 30 septembre 2011
/ Arnaud Gonzague
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L’éthique du « care », de Fabienne Brugère, Que sais-je ?, PUF, 128 p., 9 euros.
Le mot « care » a fait une entrée fracassante dans le débat public français au printemps 2010… pour en ressortir aussitôt. La socialiste Martine Aubry avait eu l’idée folle de l’employer dans une tribune, disant vouloir construire une « société du soin, du bien-être et du respect » à partir de cette notion anglaise si difficile à traduire – to care : prendre soin de, se soucier de. Folie, oui ! Employer un mot en anglais quand on est de gauche, a-t-on idée ? Ne pas chatouiller les squelettes de Jaurès, Blum ou Mitterrand, mais se référer à des trouvailles anglo-saxonnes, quelle faute de goût ! On ricana, on anathématisa, et finalement, Martine mit son « care » de côté.
L’ouvrage de la philosophe Fabienne Brugère révèle que c’est bien dommage. Car loin d’être le « catalogue de bons sentiments » dénoncé par de hâtifs chroniqueurs, le « care » est une notion profonde, capable d’aider à accoucher de grandes réformes sociales.
Il suffit d’observer un Pôle emploi, un guichet de caisses d’allocations familiales ou même une école primaire pour comprendre que la France a raté une marche – celle du cas par cas. Et que si les services publics honorent de moins en moins leur mission, ce n’est pas simplement à cause des coupes budgétaires. L’administration se soucie toujours des citoyens, oui. Mais des citoyens en général. Pas de nous. —
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