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« Gauche ou droite, le déficit a presque toujours été excessif »
dimanche, 11 septembre 2011
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
Pour départager les politiques qui se renvoient la responsabilité de la dette, Terra eco a analysé l’état des finances publiques pour chaque gouvernement depuis 1976. Deux économistes donnent leur avis sur notre classement...
Après avoir sorti sa calculette, la rédaction de Terra eco a reconstitué, gouvernement par gouvernement et parti par parti, l’origine de la dette française actuelle. Nous avons demandé à Benjamin Carton, économiste au Centre français d’étude et de recherche en économie internationale (Cepii) et à Gérard Cornilleau, directeur adjoint au département des études de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) d’analyser ces résultats.
Gérard Cornilleau : Pour moi, la réponse est non. J’estime que la dette française est principalement le résultat des différentes conjonctures économiques. La très grave crise récente explique par exemple pourquoi elle a surtout beaucoup augmenté sous le gouvernement Fillon. Ensuite, on peut s’intéresser aux choix de chaque gouvernement. Et là je suis catégorique : je ne distingue pas de propensions particulières de tel ou tel camp politique à la dérive des comptes publics. Je dirais même que les gouvernements ont, depuis trente ans, eu une attitude assez raisonnable vis-à-vis de la dette.
Benjamin Carton : L’évolution de la dette publique n’est pas qu’une affaire de décisions gouvernementales. La difficulté est de séparer les décisions volontaires des circonstances extérieures. Ainsi, les gouvernements qui font face à une récession doivent laisser la dette augmenter. Il faudrait (presque) féliciter ceux qui l’ont fait. Par ailleurs, il est très difficile de juger a posteriori. Prenons l’exemple du gouvernement Jospin. Si le gouvernement avait compris que son mandat coïncidait avec des années de croissance exceptionnelles (les meilleures en trente ans), une bonne gestion aurait consisté à dégager des excédents budgétaires afin de réduire la dette de façon très significative. En revanche, s’il croyait sincèrement que des taux de croissance de 3% étaient possibles à long terme alors la politique suivie était judicieuse. Erreur d’appréciation excusable ou inexcusable ? Difficile à dire. Je vous laisse juge.
Gérard Cornilleau : Je ne suis pas d’accord avec ces distinctions. Il est évident que pour investir, il faut emprunter et que c’est un bon choix. Mais ce que l’on appelle la « mauvaise dette » peut aussi être une bonne décision, quand il s’agit de supporter les dépenses alors que la conjoncture n’est pas bonne.