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Dilemme : surgelés ou conserves ?
jeudi, 25 août 2011 / Louise Allavoine

Le consom’acteur, ayant mangé frais tout l’été, se trouva fort dépourvu quand la bise fut venue. Alors, que faire ? Ouvrir le congélo ou dégainer l’ouvre-boîte ?

Effet de serre : avantage à la conserve

Chacun ses vices. La conserve pèche par la boîte, les surgelés par le froid. C’est, en substance, la principale conclusion d’une étude de l’Institut pour la recherche et l’éducation environnementales (IERE), publiée en 2007. Cette organisation américaine indépendante a comparé l’empreinte écologique de haricots verts conditionnés dans une usine de l’Oregon, selon qu’ils sont appertisés ou surgelés. Résultats : l’énergie fossile nécessaire à la production de l’acier est à l’origine de 55 % des émissions de gaz à effet de serre de la conserve. Celles des surgelés sont issues à 53 % de l’électricité avalée pour fournir le froid nécessaire à leur stockage. Mais au bout du compte, les conserves s’en sortent mieux, avec un impact sur le changement climatique inférieur de 30 % à celui des surgelés.

Recyclage : avantage à la conserve

« Contrairement à beaucoup d’autres emballages, les boîtes de conserve bénéficient du fait qu’elles sont des mono-matériaux. Ainsi, les métaux sont facilement extraits du flux des déchets ménagers, aussi bien dans les centres de tri que dans les usines d’incinération », claironne l’Union interprofessionnelle pour la promotion des industries de la conserve appertisée (Uppia). En acier ou en aluminium, la conserve se recycle à l’infini. En France, où plus de 3 millions de boîtes sont produites chaque année, 60 % des emballages métalliques légers trouvent une seconde vie. A l’heure du jugement dernier, la conserve, même si elle demande bien plus d’énergie à fabriquer, accède donc à la vie éternelle. Jusqu’à présent impossible à recycler, le sachet plastique de surgelés, lui, brûle directement en enfer.

Santé : avantage au surgelé

Mais la conserve, comme la canette d’ailleurs, faute de l’intérieur. Le revêtement en résine qui sépare le métal de l’aliment, contient généralement du bisphénol A (BPA). Ce composé organique de synthèse est soupçonné d’être d’impliqué dans divers problèmes de santé : cancer, diabète, baisse de la fertilité, troubles comportementaux. En juin 2010, l’Assemblée nationale a interdit en France la fabrication et la commercialisation de biberons contenant du BPA. Cependant, en l’absence d’études « robustes », les députés n’ont pas étendu cette mesure aux autres récipients alimentaires en contenant. Ça jette un froid, au bénéfice des surgelés !

Conservation : avantage au surgelé

La boîte se garde deux à cinq ans sans modification des qualités organoleptiques des aliments, c’est-à-dire du goût, de l’odeur, de la consistance… selon l’Uppia. Les produits au congélateur se maintiennent entre un et deux ans, selon le Syndicat des surgelés. En fait, la préservation des vitamines et nutriments se joue entre la récolte et le conditionnement. En un ou deux jours, vos petits pois frais peuvent perdre la moitié de leur vitamine C, selon une étude parue en 2007 dans Le Journal des sciences de l’alimentation et de l’agriculture. Même au frigo ! Appertisés ou congelés à très basse température quelques heures après la cueillette, les conserves et les surgelés limitent les pertes. Néanmoins, les nutritionnistes mettent souvent les conserves en boîte pour leur teneur élevée en sel ou en sucre. Un conseil : rincer leur contenu avant d’ingurgiter. —

Et le gagnant longue durée est…

Il ne manque pas grand chose à la conserve pour remporter haut la main le match : un régime sans sel et sans bisphénol A. Encore un effort.