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J’ai testé… la contraception alternative
jeudi, 25 août 2011 / Laure Noualhat /

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

Moi, j’aime les enfants mais surtout en photo. Pour éviter le berceau à la maison, les solutions ne manquent pas : préservatif, stérilet, pilule… Efficace mais je tique sur la chimie et les contraintes. Examinons les autres possibilités. Pas de la divination, hein. Des méthodes sérieuses !

Il y a quelques mois, je vous ambiançais sur la méthode idéale pour perdre dix kilos et optimiser son cycle reproducteur (Mais si, le régime Dukan). Cette fois-ci, j’ambitionne d’expliquer comment passer à l’acte sans craindre le mixage de patrimoine génétique. En gros, s’envoyer en l’air sans donner la vie. Attention, ce test se penche sur une méthode de contraception naturelle, garantie sans chimie, ni intrusion physique (ni capote, ni stérilet ne sont concernés). Car on peut être une adepte du « no kid » ET du « no chemicals ». On est chiante ou on ne l’est pas. Donc, farfouillons du côté des alternatives.

Mais d’abord, pourquoi éviter la pilule, qui a tant œuvré pour la libération des femmes, m’objecterez-vous ? Plus de cinquante ans après sa mise au point, elle alimente encore des pages et des pages de revues médicales. Certaines études affirment que, combinée à la clope et aux verres de vin, elle démultiplie les risques de cancer du sein, d’accident cardio-vasculaire, de thrombose veineuse… Dans l’autre camp, on estime qu’elle diminue les risques de kyste ovarien, de fibrome, de cancer de l’ovaire, de l’endomètre, du colon… « Dans le doute… », disait ma grand-mère. Certes, mais l’abstinence, c’est aussi, ce que je veux éviter !

Des œufs dans les testicules

Ce qui me chiffonne aussi, c’est l’impact sur l’environnement de la pilule. Bourrée d’hormones synthétiques, elle perturbe nos amis les poissons. Eliminées par nos urines, ces hormones passent le filtre des stations d’épuration et finissent dans les rivières. Conséquence : les poissons mâles se féminisent, nous disent les chercheurs. Notamment ceux du laboratoire d’écotoxicologie de l’université du Havre, qui étudient ce dérèglement chez les gardons depuis 1998. Ils ont vu des mâles produire des œufs au sein de leurs testicules. Certes, d’autres molécules chimiques pourraient être en cause mais « dans le doute », moi, j’évite la pilule (parce qu’arrêter la miction, ça va être coton).

Avec les méthodes naturelles, on dispose d’une variété de choix. On peut faire comme mémé et pratiquer la technique du retrait. Môssieur se libère où bon lui semble mais pas dans notre appareil reproducteur. Pour des leçons de jouissance alternative, munissez-vous d’un Kamasutra.

Doit-on mentionner la très périlleuse technique du docteur Ogino-Knaus impliquée dans nombre « d’accidents » ? Elle nécessite au minimum des cycles très réguliers et une tête bien faite puisqu’il faut déterminer sa période péri-ovulatoire au doigt mouillé… Autant le dire, elle présente un fort taux d’échec. Moins ragoûtant mais, paraît-il, efficace : la lecture dans la glaire cervicale qui se base sur l’observation de nos sécrétions. Pour ça, je vous laisse chercher sur Internet.

Le TAO, thermomètre assisté par ordinateur

Soufflée par une copine lestée de trois enfants et rétive à la stérilisation, la solution viendrait peut-être d’Allemagne. Il s’agit de la méthode du thermomètre assisté par ordinateur. Il faut d’abord comprendre qu’autour de l’ovulation, il se passe plein de trucs dingues, notamment des écarts de température corporels d’environ 0,5° C. Un ordinateur de poche, appelé le Lady-Comp (pour « computer », pas pour « compulsive », enfin…), prend notre température au centième près.

Au saut du lit, premier geste : glisser sous la langue une pastille reliée à un fil et attendre à peine quelques secondes le verdict de la machine. Durant le premier mois, mieux vaut se protéger d’une autre façon, le temps que l’appareil fasse connaissance avec votre cycle reproducteur. Dans ce cas, il allume sa loupiote orange. Au cycle suivant, dès le milieu du mois (quand le follicule est mûr, pour les pros des menstrues), le voyant passe au rouge pour une dizaine de jours. Traduire : zone fertile, voire ultra-fertile à l’horizon. Gaudriole alternative ou lecture de polars au menu ! Au pic de ma fécondité, le rouge clignote. Ceinture ! Verrouillée à triple tour ! Puis c’est à nouveau le feu vert pour la fête du slip.

Comme il s’utilise chaque jour, ce thermomètre ultra-précis est aussi contraignant que la pilule : à ne pas oublier en voyage, ni au fond du sac. En cas de grosse crève ou de gueule de bois, éviter VRAIMENT de compter sur lui. En dépit de ces écueils, il remplit tous les critères. Sauf qu’il y a un hic : son prix. 495 euros ! « No kid », « no chem », mais surtout « no comment » ! —


Repères

Près de la moitié des Françaises en âge de procréer recourent à la pilule, environ 20 % aux contraceptions barrières (préservatifs, diaphragme) et 18 % au stérilet. Autour de 2 % des femmes fertiles n’utilisent aucun contraceptif et 4 % ont définitivement fermé le ban en ayant recours à la stérilisation volontaire.