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Les trottoirs de l’espoir
jeudi, 22 décembre 2005 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

En Afrique du Sud, c’est sur le bord de la route que des milliers de sans-emploi offrent leurs services. Une ONG tente de canaliser ces ressources.

Une longue colonne serpente sur le bord de la route. Des hommes de tout âge, attendent et regardent passer les voitures. La scène est quotidienne et se déroule dans le centre de Cape Town en Afrique du Sud. Il y a quelques années, Vuyisile était l’un deux. Noir, la trentaine et marié, ce père de deux enfants venait se planter sur le trottoir tous les matins. Pour une heure, pour une journée, il proposait sa force de travail. Jardinier, il errait de tâche en tâche sans véritables perspectives, avant de rencontrer les membres de l’ONG Men of the side of the road (MSR).

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Plus de 50000 personnes battent chaque jour le pavé en Afrique du sud dans l’attente d’un job. Crédit DR.

"Il a vraiment suivi toute notre chaîne d’actions", explique Jocelyn Freed l’une des responsables de l’organisation à but non lucratif. Recensé, évalué, formé, puis placé pour un emploi vacant, Vuyisile est même revenu au sein de l’ONG pour faire profiter d’autres sans-emploi de son expérience. Aujourd’hui, l’homme a quitté l’asphalte et monté une halte garderie dans son quartier.

Debout et dignes

Plus de 150000 personnes sont ainsi passées dans les services de MSR depuis 2001, année de la création du projet. A l’origine de l’idée, Charles Maisel, un économiste sud-africain révolté par les inégalités et obsédé par l’objectif d’un "monde meilleur". "Il fallait d’abord redonner de la dignité à ces personnes". C’est chose faite avec l’installation d’un espace d’accueil sanitaire et psychologique au sein de l’ONG. Deuxième étape, la collecte de fonds. Charles Maisel sort son portefeuille et investit 50000 dollars dans l’aventure. Une broutille qui va malgré tout essaimer. Aujourd’hui, des partenaires de tous horizons se sont rangés derrière les colonnes de chercheurs d’emploi : des entreprises, le gouvernement sud-africain, la région de Cape Town, et des donateurs privés.

Pour autant l’ONG ne veut pas jouer les assistées et refuse qu’on la tienne par la main. "On ne veut dépendre que de nous-mêmes, lâche Jocelyn Freed, notre objectif prioritaire est l’autonomie du projet", martèle de son côté Charles Maisel. C’est pour cette raison que l’équipe a mis en place un service de rénovation et de vente d’outils au sein duquel travaille les demandeurs d’emploi. Pelles, pioches, cisailles, tondeuses et débroussailleuses trouvent une seconde vie dans les ateliers de MSR et repartent ensuite dans le circuit. Une source de revenus essentielle dans la stratégie.

Jamais l’un sans l’autre

L’initiative ne gomme pas pour autant les graves difficultés que connaît l’Afrique du Sud sur le terrain de l’emploi. Le taux de chômage culmine à 36%, et plus de 45% au sein de la communauté noire. Au total, MSR estime qu’il existe 500 "bouts de route" comme celui de Cape Town à travers le pays sur lesquels des chômeurs viennent proposer leur force de travail. "Ce n’est pas une simple ONG qui va tout révolutionner, tempère Jocelyn Freed, car MSR n’est qu’une organisation citoyenne, mais nous voulons influencer les choses. S’il fallait résumer notre action, je dirais que deux idées s’imbriquent dans ce projet, l’implication individuelle et le relais collectif. Chez nous, l’une ne fonctionne jamais sans l’autre."

Visiter le site de MSR


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Plus de 50000 personnes battent chaque jour le pavé en Afrique du sud dans l’attente d’un job. Crédit DR.
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