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A Zurich, la colocation pour riches
vendredi, 22 juillet 2011 / Alice Bomboy /

Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

Pour pallier le manque de logement, des initiatives se développent dans la ville suisse. Elles proposent à plusieurs personnes de partager des duplex imaginés par des architectes. La colocation, version adulte et grand luxe.

Pour vous, la colocation, c’est bon quand on a 20 ans, qu’on se moque de voir son espace vital envahi par les chaussettes des autres et qu’on est plutôt déco-récup-sur-le-trottoir ? Détrompez-vous : jeune cadre dynamique, célibataire de 50 ans ou trentenaire indépendante, vous pouvez aussi goûter aux joies de la colloc, version duplex de luxe. Cassant les codes de l’habitat, la ville de Zurich voit fleurir un nouveau concept : les appartements « cluster », ou appartements en grappe, en traduction littérale, qui réunissent plusieurs habitants dans un même logement. Pour la capitale économique helvète, il ne s’agit ni plus ni moins que de tenter de juguler la pénurie économique qui frappe la ville. D’après les statistiques officielles, près de 50% des appartements y sont aujourd’hui occupés par une seule personne.

Des duplex intergénérationnels

Des architectes se sont attaqués au problème en réinventant la colocation. Sur Langstrasse, une des artères en vogue de la ville, Vera Gloor a par exemple transformé un bâtiment, dévolu pendant des années à l’économie du sexe, en un lumineux duplex. Mode d’emploi : vous partagez 75m2 d’espace commun, entre la cuisine, la salle à manger et un lieu de détente, mais chacun des quatre colocataires jouit de ses 30 m2 de chambre et de salle de bain privative comme il l’entend. Loyer par personne : 1600 francs suisses, soit un peu plus de 1300 euros. Le quotidien suisse Le Temps raconte ainsi que dès le 1er août, deux économistes, un doctorant et un assistant social vont prendre possession des lieux. « Ils ont entre 25 et 45 ans. Ils ne se sont jamais rencontrés. Ne connaissent pas les habitudes ou les goûts culinaires des uns et des autres », , écrit la journaliste Anne Fournier. Au-delà de la mutualisation de logements, ces appartements remettent au goût du jour une façon de vivre perdue : les apports réciproques de l’intergénérationnalité, et plus largement, de la solidarité. Apparemment, la vue à couper le souffle depuis la terrasse de ce loft communautaire n’a pas son pareil pour faire connaissance entre colocataires d’un nouveau genre.