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« Nicolas Hulot ne participera pas au projet écologiste s’il reste en l’état »
mercredi, 13 juillet 2011 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Eva Joly a remporté la primaire avec 58% des voix contre 41%. Mais qu’en pense le camp d’Hulot ? Pour Jean-Paul Besset, eurodéputé et conseiller de Nicolas Hulot, l’opposition critique a gagné contre la proposition positive.

Terra eco : Le résultat du vote du second tour vous a-t-il surpris ?

Jean-Paul Besset : Non, c’était écrit dans le 1er tour. Mais on ne va pas faire de langue de bois. On est très déçus. Ça montre que le mouvement dans sa majorité et les sympathisants proches du parti n’étaient pas prêts à s’engager dans cette candidature. Voter pour Nicolas Hulot, ça voulait dire : « On reprend un risque en proposant une économie positive, en intégrant la complexité des choses ». La majorité a préféré se réfugier dans une attitude plus confortable, une posture plus traditionnelle, celle des personnes qui envoient à la société des oukases du genre ’tu dois faire ceci, il faut faire cela’. C’est plus confortable d’être dans la critique négative que dans la proposition critique, surtout dans la situation planétaire dans laquelle on est.

Ce qui a joué aussi, c’est la question d’identification et d’image. Eva, et c’est tout à son honneur, porte des valeurs d’anti-corruption. Beaucoup de sympathisants se sont reconnus là-dedans. Elle a tendu un miroir plus favorable que celui que tendait Nicolas Hulot avec un itinéraire plus évolutif, plus sensible au dialogue, à la contradiction. Avec moins de certitudes mais plus de volonté. C’est un peu tout ce débat qu’on a eu pendant la campagne entre combat et pédagogie. Nous, on voulait descendre de la tribune où on fait des discours pour essayer de convaincre une majorité. Mais certains ont préféré rester dans cette posture.

Pensez-vous que cette posture est moins fédératrice ? Après tout, il ne s’agit plus pour le candidat écologiste de s’adresser aux militants mais aux Français.

Moi je pense qu’il n’y a pas deux langages en politique. Il n’y a pas un langage pour les militants et un langage pour le vulgum pecus. Ce que je crains – mais j’espère que je serai démenti – c’est qu’on reste dans une posture dénonciatrice, qu’on reste entre soi dans la même pièce, portes et volets clos.

Que va-t-il se passer maintenant pour Nicolas Hulot ?

On est encore dans le chaud de l’événement. Ce que Nicolas Hulot a dit dans le communiqué, c’est qu’il accepte, que nous acceptons, le verdict. Nous ne serons pas un obstacle. On ne va pas vivre dans les rancœurs, dans l’aigreur. Mais nous ne sommes pas schizophrènes. Nous ne participerons pas au projet s’il reste en l’état. Et vu la tonalité du discours d’Eva Joly, il reste pour l’instant en l’état.

Le camp d’Eva Joly, Pascal Canfin notamment, dit que Nicolas Hulot pourrait avoir toute sa place dans la campagne...

Mais quelle place dans quel projet ? C’est ce que j’ai dit à mes amis plusieurs fois. Nicolas Hulot ne sera pas là pour faire son petit tour et parler des baleines et des papillons, pour être un supplément d’âme à un projet. Nous avons fondé notre projet sur la vision d’une reconversion écologique de la société. Or, dans son discours aux Français, Eva Joly ne nous a pas rassurés. C’était un catalogue de revendications sans choix ni perspectives fortes. Nous n’avons pas de désaccord sur le fond. Mais il s’agissait là de la mise à plat d’un programme qui reste dans le verbe, qui ne passe pas la promotion d’un projet réellement alternatif.

Et si, plus tard, les écologistes signaient une alliance avec les socialistes, Nicolas Hulot pourrait-il envisager de revenir ?

On ne fait pas de plan sur la comète. Tout dépendra du contenu des choses. Mais si c’est une alliance de façade pour gagner des postes, ça nous intéresse modérément. En revanche, s’il s’agit de mettre en œuvre des mesures-clés, pour instaurer une nouvelle dynamique sociale, nous serons au rendez-vous. Le candidat Nicolas Hulot a toujours été défavorable à une alliance a priori avec un candidat socialiste. Il demandait à voir. Eva Joly a déjà dit au contraire qu’elle appellerait à voter pour le candidat socialiste au deuxième tour, ce qui ravit le PS.

Nicolas Hulot envisage-t-il maintenant d’arrêter la politique ?

Il ne cherche pas ça du tout. Il est dans la réflexion – et nous avec lui. Il réfléchit à comment il peut à nouveau se situer, comment il peut être utile. Il ne reviendra pas sur ce qu’il a dit. Face à l’urgence mondiale actuelle, il s’est impliqué, engagé. Il a fait ce pas, il continuera dans cette direction. Mais sous quelle forme ? Cela dépendra du paysage politique lui-même.

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