Que consomme la France ? A quel robinet puise-t-elle son énergie ? Le 4 juillet, le ministère de l’Environnement a mis en ligne – très discrètement – le bilan énergétique de la France pour 2010. Voici quelques données.

• Le gâteau énergétique primaire (1) de la France se modifie légèrement. Il est désormais composé de 43% d’électricité primaire, de 31% de pétrole, de 15% de gaz, de 6% de renouvelables thermiques et déchets et de 4% de charbon. La tranche « pétrole » est la seule en recul (-3,4%). « Une partie de cette baisse est circonstancielle, liée aux mouvements sociaux qui ont bloqué les ports, les raffineries, ou les dépôts de carburants. Mais le secteur du raffinage a encore réduit son activité (-11%), et les hausses de prix détournent les consommateurs », souligne le rapport. De leur côté, les renouvelables ont progressé. Elles couvrent désormais 13% de la consommation finale brute (contre 9,1% en 2005).

• La production française augmente. Elle atteint aujourd’hui 138,6 millions de tonnes équivalent pétrole. La France peut donc se passer plus facilement des importations. Elle assure aujourd’hui à 51,2% son indépendance énergétique (contre 50,3% en 2009).

• La consommation stagne ! En voilà une bonne nouvelle. Est-ce l’effet de la crise ? Il est vrai qu’en 2009, la consommation d’énergie finale a connu une baisse brutale : -3,7%. Mais la tendance était déjà amorcée. Dix ans en fait que cette consommation n’augmente plus en France ! A 169 millions de tonnes équivalent pétrole (Metp) en 2010, elle est aujourd’hui inférieure au niveau de 2002.

• L’intensité énergétique peine à baisser. C’est la mauvaise nouvelle du rapport. Car le gouvernement s’est engagé à faire baisser cette intensité - soit la quantité d’énergie consommée par unité de PIB - de 2% en moyenne par an dès 2015. Or, elle n’affiche qu’un maigre recul de 0,1% entre 2009 et 2010.

• Les prix de l’énergie en forte augmentation. Cette tendance-là vous l’aurez sans doute sentie passer. La hausse a atteint 10% l’an dernier avec une facture annuelle d’électricité et de combustibles à 1600 euros pour un ménage moyen et une facture de carburants de 1300 euros.

• Les émissions de CO2 en baisse. Certes, en valeur absolue elles progressent de 2,2%. Mais après correction des variations climatiques, la citrouille devient carrosse. Et la hausse des émissions se transforme en une baisse de 0,6%. « La reprise de l’activité économique s’est donc faite sans supplément d’émissions », souligne le rapport.

Source : Bilan énergétique de la France pour 2011 - Service de l’Observation et des statistiques

(1) « L’énergie primaire est l’énergie telle qu’elle est fournie par la nature. Avant d’être livrée au consommateur sous forme d’énergie finale, elle peut être transformée et transportée. Entre les deux, il y a l’activité de la branche énergie retracée dans le bilan par un changement de nature d’énergie (une centrale électrique brule du gaz, par exemple et produit de l’électricité), par des consommations et par des pertes de transformation et d’acheminement », souligne le document.