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L’espace, l’autre poubelle de la Terre
vendredi, 3 juin 2011 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Ce mardi, les astronautes de la Station spatiale internationale ont dû s’abriter pour éviter une collision avec des déchets. Etonnant ? Non selon l’ONG Robin des Bois. Selon elle, 15 126 objets d’origine humaine circuleraient ainsi librement dans l’espace.

On est passé tout près d’un crash... spatial. Ce mardi, les astronautes de la Station spatiale internationale (ISS) ont dû lever le camp l’espace d’une demie-heure pour se réfugier dans les vaisseaux de secours Soyouz. La raison ? Des déchets spatiaux repérés à proximité. La chose risque de se reproduire si l’on en croit un rapport récent de l’association Robin des Bois. « ‘L’océan d’en haut’ comme l’appelait Victor Hugo est victime d’une pollution industrielle d’un genre nouveau, foudroyant, proliférant et durable, du même type - en plus irrécupérable - que la pollution de l’océan d’en bas sur les déchets de plastique, de polystyrène et d’hydrocarbures », souligne l’association en introduction.

Selon Robins des Bois qui reprend grosso modo les chiffres du programme américain Spacetrack, il y aurait 15126 objets dans l’espace dont 2523 satellites hors d’usage, 1901 étages supérieurs de lanceurs et 10702 déchets d’autres nature de plus de 10 centimètres. Dans la première catégorie : des satellites à la retraite. S’ils ont rendu de bons et loyaux services pendant 1 à 15 ans, ils sont désormais au rebut, lâchés par leurs batteries et des équipements électroniques usés. Au rebut ? En fait, les satellites sont tout simplement abandonnés à leur triste sort, sur leur orbite ou une orbite dite « de rebut ».

Ils sont destinés à rentrer à terme dans l’atmosphère terrestre (et à tomber dans les océans du globe) ou à percuter un autre déchet spatial. Dans la seconde catégorie, on trouve les 3e ou 4e étage des lanceurs de type Ariane ayant servi à la mise en orbite des satellites. Cette structure comprenant un moteur et des réservoirs de carburant. Une fois l’opération réalisée, cet étage se détache et reste en orbite durant plusieurs dizaines ou centaines d’années. Reste des milliards de poussières résultant de la combustion des lanceurs. Ces nuages de particules polluent les orbites et sont dangereux.

8 collisions ont déjà été enregistrées depuis 1991. En 1999, le satellite américain Iridium 33 (560 kg) a percuté le satellite russe Kosmos 2251 à la retraite (900 kg) à une vitesse de 42 120 km/h à 790 km d’altitude au dessus de la Sibérie. Résultat, près de 1500 morceaux de plus de 10 cm ont été dispersés, décrit le rapport. Mais le péril peut être plus grave. Lors de la dernière mission de réparation du télescope spatial Hubble, en mai 2009, les astronautes couraient 1 risque sur 89 d’être tués par un déchet au cours des opérations à l’extérieur de la navette spatiale. C’était en tout cas l’estimation de Paul Graziani, le PDG d’une société chargée de concevoir, pour l’industrie spatiale américaine, les logiciels traqueurs de déchets.

Mais que faire ? Il faut créer un fonds selon l’association Robin des Bois. Alimenté par tous les « usagers de l’espace » celui-là servirait à financer les recherches sur les moyens de capturer et de neutraliser sur place les plus gros déchets susceptibles de se fragmenter et donc de créer des millions de micro-déchets.