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Le patron qui file ses vêtements
mercredi, 29 juin 2011 / Angela Bolis /

Journaliste

Fondateur de la marque de sportswear suisse Switcher, Robin Cornelius innove sans relâche. Sa dernière idée : un code pour remonter le parcours de ses fringues.

Robin Cornelius est avant tout un entrepreneur. Il prévient : « Un entrepreneur ne sait rien faire d’autre. Il est narcissique, hyperactif, névrotique, égocentrique. » Le patron de la marque de vêtements de sports Switcher vient sans doute de dresser son portrait. Une idée par-ci, un principe éthique par-là… A sa sortie d’HEC Lausanne, le jeune Suisse d’alors, aujourd’hui quinquagénaire, se lance dans la vente de tee-shirts et fonde, en 1981, sa société. « Un jour, j’ai vu à la télé le président Carter courir avec un pantalon serré par des élastiques aux chevilles. » Et le voici important en Europe ce concept de jogging. Mais à Switcher, les innovations sont surtout sociales et environnementales.

Pour responsabiliser chaque consommateur, l’entrepreneur a récemment créé un site, Respect-code : « D’où vient le produit, qui l’a fait et transformé, quelles matières premières, quel transport, jusqu’à présent, on ne savait rien… » Désormais, il suffit d’entrer sur le site un code indiqué sur l’étiquette des vêtements Switcher et de quelques entreprises partenaires. Et tout son parcours depuis le champ de coton jusqu’au distributeur, apparaît. Est ainsi retracé l’ADN des produits, pour certains labellisés commerce équitable, bio ou en matière recyclée, pour d’autres passés par la compensation carbone.

De l’entreprise à la coopérative ?

Quand il n’est pas au siège de Switcher à Mont-sur-Lausanne, Robin Cornelius se rend souvent à New York. Là, il trône au conseil d’administration du Social Accountability 8000, qui fixe des normes exigeantes en matière de code de conduite des entreprises. Il y a quelques années, ce standard a primé son usine de Tirupur, dans le sud de l’Inde, qui emploie 10 000 personnes. « Elle est nickel, sans aucun rejet, et elle recycle son eau », assure-t-il. Michel Paccalin, directeur de la filiale France, poursuit : « Les ouvriers gagnent des salaires assez hauts pour ne pas avoir à faire des heures sup. » Aucun enfant n’y travaille – évidemment – et les employés ont toute latitude pour s’associer, etc. Du côté du siège, on turbine aussi. La dernière idée du boss ? Transformer l’entreprise en coopérative « car la finance à court terme et la pression des actionnaires, c’est insupportable ». —

Switcher en dates

1981 Création de l’entreprise

1998 Elaboration du code de conduite Switcher

2004 Création de la Fondation Switcher qui mène des projets de développement en Suisse, en Inde, en Chine et au Burkina Faso

2009 Le chiffre d’affaires s’élève à 64,6 millions d’euros

- Le site de Respect Code