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L’algue française grandira-t-elle un jour ?
mercredi, 25 mai 2011
/ Cécile Cazenave
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L’herbe des mers est belle, jeune et riche mais ne séduit qu’un cercle restreint de gourmets. Alors, faut-il penser plus grand et passer à l’algoculture intensive ? Ou préserver cette niche artisanale ? Le secteur se déchire.
A marée basse, entre Roscoff et l’île de Batz, dans le Finistère, le touriste écarte les algues pour dénicher les crabes. Le maraîcher au pied marin, lui, fait l’inverse. « L’estran (la portion du littoral entre la plus haute mer et la plus basse, ndlr) est un jardin marin plein de ressources : nous avons la chance d’avoir le plus grand champ d’algues d’Europe ! », sourit Henri Courtois, gérant d’Algue service, une société artisanale spécialisée dans les algues alimentaires.
Ces herbes sauvages, il les achète à des récoltants à pied, entre 50 centimes et un euro le kilo. Dulse, laitue de mer, wakamé, kombu royal et nori frais constituent le gros de la cueillette. Arrivées chez Algue service, elles sont lavées puis séchées et réduites en paillettes, ou préparées en marinades avant d’être vendues dans les épiceries fines et magasins spécialisés. On trouve les pots d’Henri Courtois sous la marque Bord à bord à 4,5 euros les cent grammes. Et comptez le double, en général, pour un sachet de dulse ou de nori séché. Les soins artisanaux sont coûteux.
Alors que les Nippons consomment 1,4 kg d’algues par personne et par an, de multiples espèces et sous mille formes, difficile chez nous de s’en mettre une made in France sous la dent. Sur les 70 000 tonnes récoltées chaque année en Bretagne, en mer ou à marée basse, 99 % appartiennent à la famille des laminaires, du genre algue brune aux longs rubans aplatis. On en extrait l’alginate de sodium, utilisé pour épaissir les crèmes dessert et les soupes. Seules 700 tonnes environ d’une petite dizaine d’espèces d’algues alimentaires sont transformées par une poignée d’entreprises.
En Bretagne, à peine une quinzaine d’hectares de concessions maritimes y sont dédiés. Quatre entreprises y produisent, sur des cordages immergés en mer, entre 50 et 100 tonnes par an. Autant dire quelques brins d’herbe… « Notre problème, c’est qu’on manque de place ! », explique Olivier Bourtourault, fondateur de la société Aleor. A Lézardrieux, dans les Côtes-d’Armor, à quelques encablures de l’île de Bréhat, ce jeune ingénieur biologiste, associé au Ceva, teste la culture de masse avec une dizaine d’ostréiculteurs : ceux-ci produisent des algues sur une partie de leurs concessions. Avantage de la plante : elle n’a besoin d’aucun soin et se récolte en six mois, assurant un complément de revenu salutaire en ces temps de marasme viral pour les éleveurs d’huîtres. Aleor fournit les plants et s’engage à racheter l’intégralité de la récolte en wakamé et en kombu royal à 500 euros la tonne. « Notre écloserie peut fournir de quoi produire 1 000 tonnes d’algues l’année prochaine : reste à trouver les marchés », lance Olivier Bourtourault, qui se prend à rêver d’exportation. Car la Bretagne présente des conditions idéales : eaux pures et brassées au large, températures et ensoleillement adéquats, réseau logistique… « Peu de zones dans le monde ont autant d’atouts et les Japonais adorent ce qui vient de France : nous avons une carte à jouer », insiste-t-il.
Le site du Centre d’étude et de valorisation des algues
Le site de la chambre syndicale des algues et végétaux marins