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Discriminations : « Des stéréotypes plutôt que du racisme »
vendredi, 6 mai 2011
/ Julia Pascual / Journaliste indépendante. Collabore à Terra eco depuis novembre 2010. |
En France, il existe encore des attitudes d’exclusion répréhensibles par la loi. L’affaire des quotas « ethniques » dans le foot le rappelle. Alain Piriou, spécialiste de la lutte contre les discriminations fait le point.
Entretien avec Alain Piriou, ancien porte-parole de l’Interassociative lesbienne, gaie, bi et trans (Inter-LGBT)
Nous n’avons pas, en France, de statistiques sur les affaires de discrimination portées devant la justice. La Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) publie un rapport annuel dans lequel elle observe que le nombre de réclamations augmente. Mais cette croissance s’explique d’abord par la progression de la notoriété de la Halde. Et puis, de manière générale, quand on relève une forte perception de la discrimination, c’est plutôt une bonne chose. Ça veut dire que les gens ont une meilleure prise de conscience et une moindre acceptation de ces phénomènes.
Il existe enfin une enquête Trajectoires et Origines, réalisée par l’Ined et l’Insee qui étudie les différents parcours de vie en fonction des origines. On y mesure des inégalités de rémunération ou d’accès à l’emploi. Certaines s’expliquent par des différences de formation, de réseaux, de diplômes... Mais il y a aussi des écarts inexpliqués qui sont révélateurs d’une discrimination.
Du côté des entreprises, il y a des démarches sincères, qui ont abouti à la création du Label diversité. Il faut les distinguer des approches « marketing » : des entreprises qui mettent en avant un peu de diversité pour améliorer leur image sans améliorer les pratiques. La Charte diversité en témoigne. Une entreprise peut la signer et arborer son logo mais personne ne contrôlera ses comportements. Le Crédit Agricole a ainsi été condamné en avril pour discrimination homophobe, alors qu’il est signataire.
Le Label diversité est différent. L’entreprise doit répondre à un cahier des charges relatif aux méthodes de recrutement. Mais ça n’a pas non plus empêché BNP Paribas, qui a pourtant le Label diversité et le Label égalité, d’être condamné en mai 2010 pour avoir discriminé une salariée dont la carrière avait été ralentie après son retour de congé maternité. De même, EDF a été condamné en janvier pour discrimination liée à l’âge, après avoir mis à la retraite d’office un agent qui n’avait pas suffisamment cotisé pour bénéficier d’une retraite à taux plein. Les labels ne prévoient pas de sanctions dans ce genre de situation, et ça pose la question de leur crédibilité.
Voir aussi : Les écarts de taux d’emploi selon l’origine des parents : comment varient-ils avec l’âge et le diplôme ?, INSEE