L’élimination d’Oussama Ben Laden par les forces américaines met un terme à dix ans de traque. Mais la méthode pose question.

Neuf ans et huit mois. La traque contre Oussama Ben Laden semblait sans fin... Le cerveau des attentats du 11 septembre 2001 se cachait pourtant à quelques dizaines de kilomètres du centre de la capitale pakistanaise, dans une villa cossue, entouré d’une poignée de fidèles. Aussitôt terminé le raid américain, c’est un président Obama, serein, digne et fier, qui s’est présenté devant le monde pour annoncer la mort du plus grand ennemi des Etats-Unis. « En un soir comme celui-ci, a-t-il déclaré, nous pouvons dire aux familles qui ont perdu des êtres chers à cause du terrorisme d’al-Qaida : justice est faite. »

Au regard de la souffrance des familles des victimes d’Al-Qaida, interroger le sens de cette justice expéditive américaine semble insultant. Car après tout, les Etats-Unis tout entiers sont en guerre déclarée depuis le 11 septembre 2011 contre l’organisation terroriste. Il n’empêche. L’assaut militaire contre la tanière d’Abbottabad où s’était réfugié Ben Laden n’a semble-t-il laissé aucune échappatoire à ses occupants. Au nom de cette justice saluée par Barack Obama, on ne peut que le regretter.

Si la politique du « œil pour œil, dent pour dent » assumée par Washington peut sans doute s’expliquer, elle ne peut constituer un terreau fertile et durable pour la paix. « Justice est faite », a pourtant tranché le président américain.

Dans la nuit de dimanche à lundi au Pakistan, et à l’autre bout de la planète à Guantánamo, cette justice a fait parler son bras armé. Souhaitons qu’une autre ère – assagie et éclairée – s’ouvre aujourd’hui.