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Faire son miel des circuits courts
lundi, 25 avril 2011
/ Hélène Binet
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Ni club de voisins, ni Amap, ni réseau social… mais un peu tout ça à la fois et plus encore. « La Ruche qui dit oui » relie groupes de consommateurs et divers producteurs via un coordinateur et un site Internet.
Raccourcir le chemin entre l’offre et la demande, court-circuiter la grande distribution, offrir des prix plus justes aux producteurs et plus intéressants aux consommateurs, vous connaissez la chanson ? Un nouveau couplet s’écrit ce printemps grâce à Guilhem Chéron, designer industriel de formation, cuisinier domestique de déformation et chef d’orchestre de la « Ruche qui dit oui ». Son concept hybride des formules déjà existantes : Amap, réunions Tupperware, points de vente collective, réseaux collaboratifs à la Facebook. « Une Ruche est un point relais installé chez un particulier permettant le commerce direct avec les producteurs », explique le pré-quadragénaire. Et bien plus encore. Concrètement ? Une personne ouvre chez elle une Ruche, en parle à ses amis, qui eux-mêmes en parlent à leurs amis, qui eux-mêmes… jusqu’à fédérer autour du projet une communauté d’une trentaine de consommateurs.
Un exemple ? Un fermier poste son offre sur le site de la Ruche qui dit oui : 40 kg de reblochon à 8,50 euros le kg. Le coordinateur de la Ruche envoie la proposition commerciale à tout son réseau. Jacqueline en commande 3 kg, Thomas, 500 g. Caroline fait l’impasse alors que Jean-Pierre, qui adore la tartiflette, en achète 6 kg. Si les 40 kg exigés sont précommandés, alors, la Ruche a dit oui. Les paiements en ligne deviennent possibles et la marchandise sera bientôt disponible chez le responsable local. Sinon, chou blanc. Chacun reste chez soi jusqu’à la prochaine fois.
Car la Ruche qui dit oui n’est pas un organisme philanthropique mais une start-up avec, au capital, le fonds d’investissement Kima Ventures, de Xavier Niel (1) et de Jérémie Berrebi, ainsi que Marc Simoncini et Christophe Duhamel, respectivement fondateurs de Meetic et de Marmiton. « Ce côté business fait hurler certaines personnes, s’énerve Laurence Ladreyt, qui s’apprête à ouvrir deux Ruches du côté de Mâcon, en Saône-et-Loire. C’est désolant. J’ai longtemps été bénévole dans le secteur associatif. Il y avait, à chaque fois, cinq actifs pour 50 consommateurs. Il faut sortir de ce schéma. Si l’on passe du temps pour la collectivité, on a le droit d’être rémunéré. D’autant que les producteurs comme les consommateurs restent gagnants. »
Aujourd’hui, une trentaine de Ruches ont commencé à démarcher pour de vrai depuis la récente ouverture de la plateforme informatique du site. Au Fauga, en Haute-Garonne, Odile Mailhe est prête à remplir ses paniers. « L’avantage de la Ruche, c’est que l’on ne prend aucun risque. Il n’y a pas de transfert d’argent. Au pire, ma Ruche ne dira jamais oui. Dans ce cas, j’aurai seulement perdu du temps. » Mais pas du lien. —
(1) Actionnaire de Terra Economica SAS, société éditrice de « Terra eco ».