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« Il faut remettre en cause notre stratégie énergétique »
mardi, 19 avril 2011 / Patrick Behm /

Directeur de Enercoop

Pour le directeur d’Enercoop, un nouveau modèle énergétique est possible, basé sur une énergie renouvelable et citoyenne. Tribune.

Chaque jour, les médias nous amènent une mauvaise nouvelle supplémentaire venue du front japonais : secousse sismique, fuites et ressemblance de plus en plus ténue avec le triste précédent de Tchernobyl, qui fêtera ses 25 ans dans quelques jours. Pendant ce temps, la France, héraut du tout nucléaire, plaide encore et toujours pour l’atome, présentant celui-ci comme solution unique et incontournable à la crise énergétique.

Cette position n’est que la suite attendue d’une année 2010 qui a vu les évolutions réglementaires freiner le développement des énergies renouvelables, aux vertus pourtant multiples. D’un point de vue écologique et sanitaire, leur impact est négligeable et en tous cas maîtrisé. Au-delà, leur compétitivité économique à court et long terme est pour certaines d’entre elles déjà démontrée (hydraulique, éolien), et potentiellement forte pour les autres (petit éolien, photovoltaïque et biomasse), pour peu que l’effort soit maintenu pour lancer les filières.

A contrario, la loi Grenelle a imposé des contraintes supplémentaires sur l’éolien, conduisant à l’abandon de nombreux projets, le soutien au photovoltaïque a baissé drastiquement et l’énergie nucléaire a été imposée comme seule énergie de référence pour les fournisseurs alternatifs dans le cadre de la loi fixant les Nouvelles Orientations du Marché de l’Energie.

Pourtant, un mois après l’accident de Fukushima dont l’issue, déjà grave, comporte toujours une inconnue majeure, il est temps de remettre en question notre modèle énergétique. Et de s’ouvrir enfin à des solutions alternatives.

Le modèle Negawatt, reposant sur le triptyque énergies renouvelables, économies d’énergie et efficacité énergétique gagne aujourd’hui en crédibilité dans les média et l’opinion. Des initiatives concrètes, citoyennes et locales, basées sur cette formule, font leurs preuves en Europe. Ainsi, Ecopower, née en 1995, fournit de l’énergie exclusivement renouvelable à des consommateurs qui investissent en même temps, via la coopérative, dans les moyens de production qui les fournissent. Greenpeace Energy, en Allemagne, fonctionne sur le même principe.

Dans la même lignée, Enercoop propose une solution basée sur la fourniture d’électricité 100 % renouvelable, l’investissement collectif dans des moyens de production renouvelables et locaux, et l’offre de services d’aide à la maîtrise de la consommation.

Il est urgent de construire ensemble un modèle impliquant chacun dans une démarche nouvelle. Notre salut énergétique doit s’articuler autour de deux impératifs : les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie. À cela, il n’existe pas d’alternative.

Patrick Behm, directeur d’Enercoop