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Prime des 1000 euros : un cache-misère ?
jeudi, 14 avril 2011
/ Julia Pascual / Journaliste indépendante. Collabore à Terra eco depuis novembre 2010. |
Nicolas Sarkozy avait promis plus de pouvoir d’achat pour les Français. Il dégaine aujourd’hui le bonus pour les salariés. Vraie prime ou cache-misère ?
Une prime pour un juste partage des profits dans l’entreprise ? Nicolas Sarkozy avait laissé entendre que les salariés pourraient se voir attribuer un bonus dans les sociétés qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires. « S’il y a une prime pour les actionnaires, il faut avoir une prime pour les salariés », annonçait le Président le 8 avril. Une semaine plus tard, le ministre du Budget, François Baroin, a précisé l’idée en évoquant un « dispositif simple sous forme d’une prime exceptionnelle dont le montant n’est pas encore stabilisé - au moins 1000 euros ». Levée de bouclier du patronat – « consterné » – , syndicats déconcertés face à ce qu’ils considèrent comme « un coup d’épée dans l’eau », le gouvernement serait-il pris d’une fièvre électoraliste, à un an de la présidentielle, et prompt à faire des annonces à l’emporte-pièce ?
Les syndicats proposent ainsi de donner plus de pouvoir aux institutions représentatives du personnel pour que l’utilisation des profits dans l’entreprise soit plus transparente. Ils s’intéressent à la politique sociale (formation, avancement des carrières…) des boîtes, à leur attitude vis-à-vis de leurs sous-traitants, à la rémunération des dirigeants… La proposition du gouvernement « a tendance à infantiliser le débat autour du partage de la valeur ajoutée », regrette Xavier Timbeau. « Ce sont encore des mesures d’exonération », enfonce Mohammed Oussedik, secrétaire confédéral de la CGT. Et donc autant de cotisations sociales en moins, qui ne vont pas financer la solidarité nationale. « La meilleure façon de rémunérer le travail, c’est d’agir par les salaires, poursuit le syndicaliste. Le gouvernement en a les moyens, comme employeur dans le public, en contraignant les entreprises à signer des accords salariaux, et en donnant un coup de pouce au Smic ».