https://www.terraeco.net/spip.php?article16747
|
« Savez-vous à quel point les jouets en plastique sont dangereux ? »
jeudi, 7 avril 2011
/ François Meurisse / Rédacteur en chef édition |
Dans le docu « Plastic Planet », le réalisateur autrichien Werner Boote part en guerre contre le culte du secret dans l’industrie du plastique. Entre fausse naïveté et opérations coup de poing à la Michael Moore, il touche juste.
Terra eco : Que vouliez-vous démontrer en réalisant « Plastic Planet » ?
Werner Boote : En 1999, je voulais juste faire un film sur la quantité de plastique autour de nous, c’est tout. Ensuite, j’ai lu des articles. Et puis des études sur des substances contenues dans ces plastiques. On y parlait stérilité, allergies cutanées, cancers, etc. Je me suis dit qu’il fallait faire des tests sur des objets au hasard pour voir si ces substances étaient vraiment présentes partout. Nous en avons testé beaucoup, des tongs, des matelas, etc. et puis, pour finir, un globe terrestre gonflable, qui est devenu le symbole de ce « monde plastique ». Nous l’avons fait analyser et il contenait effectivement des phtalates (1).
Restait alors à savoir si ces substances passaient dans notre corps. J’ai donc passé des examens. Résultat : mon sang contenait du bisphénol A (2), des phtalates, etc. Le reste de l’équipe du film a également passé les examens. Tous positifs. Heureusement, en faisant attention, on peut réduire son taux de bisphénol A. Un an après ces premiers tests, mon taux avait déjà considérablement baissé.
N’avez-vous pas l’impression que les industriels font plus attention dans l’Union européenne, par exemple ?
Pas vraiment, non. Certes en France, on a avancé avec l’interdiction du bisphénol A pour les biberons et les tétines, mais ce n’est qu’un petit pas. Connaissez-vous vraiment le cas des jeux pour enfants ? C’est un cauchemar ! Et celui des plastiques mêlés à l’électronique avec tous leurs retardateurs de flammes (chargé de prévenir l’inflammation des objets, ndlr) ? C’est horrible. On respire à longueur de journées des substances nocives. Imaginez les chauffeurs de taxi face à leur tableau de bord pendant des années !
Le marché est gigantesque et les industriels n’ont commencé à faire des tests sur les substances nocives qu’à la fin des années 1980. Ou alors ils en faisaient avant mais ne les diffusaient pas ! J’ai d’ailleurs du mal à croire qu’en voyant des paniers en PVC se décolorer ou devenir cassants, ils ne se posaient pas de question sur l’altération de leur produits.
(1) Créés dans les années 1930, les phtalates servent à rendre les plastiques plus souples. On les suspecte d’entraîner des malformations de l’appareil génital mâle et de favoriser l’obésité.
(2) Présent dans les emballages, les canettes ou encore les CD, le bisphénol A pourrait entraîner diabète, cancers du sein et de la prostate, maladies cardiovasculaires, etc.
« Plastic Planet » est en salles depuis le 6 avril.