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Lester Brown : « le Japon aurait pu choisir la géothermie plutôt que le nucléaire »
dimanche, 27 mars 2011 / Anne Sengès /

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

Interview avec Lester Brown, figure américaine de l’écologie et fondateur du Earth Policy Institute.

Votre analyse de la catastrophe nucléaire du Japon ?

« Nous ne sommes pas encore en mesure d’évaluer la gravité de cette catastrophe mais il est certain que les rejets radioactifs sont suffisamment élevés pour être source d’anxiété pour les Japonais qui seront affectés à long terme. Ce qui m’attriste particulièrement c’est que le Japon - qui a des ressources géothermales énormes (les sources chaudes y sont innombrables) - ait fait le choix du nucléaire. Bien entendu la géothermie peut être mise à mal par les séismes mais elle ne représente en elle même pas un danger pour les populations. Pourquoi le Japon a fait ce choix ? Je l’ignore. L’Islande a fait le choix inverse et veut aujourd’hui exporter de l’électricité géothermique vers l’Angleterre ce qui illustre le potentiel de la cette énergie et montre qu’il existe des solutions alternatives. Je pense que les Japonais vont commencer a y réfléchir. »

Votre réaction face aux propos de Sarkozy et Obama qui réaffirment leur foi en l’énergie nucléaire ?

« Un certain nombre de leaders politiques ont réaffirmé leur soutien à l’industrie nucléaire puisqu’ils avaient engagé leur pays sur cette voix, mais je suis certain qu’ils devront tirer les leçons des événements au Japon. L’opposition anti-nucléaire monte aussi vite que la température dans les réacteurs de la centrale de Fukushima. Il ne faut pas sous-estimer l’influence de l’opinion publique. Les catastrophes de Tchernobyl et Three Misle Island ont considérablement freiné l’expansion de l’industrie nucléaire. Notons par exemple le revirement de la Chine, pays ou les risques sismiques sont élevés, qui tout de suite après la catastrophe s’est prononcée en faveur de la poursuite de ses activités en la matière avant de déclarer quelques jours plus tard qu’elle suspendait provisoirement tout accord sur de nouveaux projets nucléaire. »