https://www.terraeco.net/spip.php?article16296
Séisme et catastrophe nucléaire : la Californie s’affole
mardi, 15 mars 2011 / Anne Sengès /

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

En Californie, où les risques de tremblements de terre et tsunamis sont élevés, la catastrophe nucléaire qui se déroule au Japon inquiète la population comme les experts.

Le Golden State a les yeux rivés sur le Japon, les experts prédisant dans les trois décennies à venir l’arrivée du « Big One », ce tremblement de terre massif qui affectera la région de San Francisco ou celle de Los Angeles et promet d’être particulièrement destructeur. Si la Californie s’est illustrée comme le berceau de l’opposition à l’énergie nucléaire -l’Etat interdisant la construction de nouveaux réacteurs tant que la question de la gestion des déchets radioactifs n’aura pas été résolue - les événements catastrophiques qui se déroulent au Japon relancent le débat sur la sécurité nucléaire dans les zones séismiques.

« Une crise nucléaire du style de celle qui se déroule au Japon pourrait-elle se produire en Californie ? » s’interroge le San Jose Mercury News, le quotidien de la Silicon Valley, dans son édition du 14 mars. « La réponse varie en fonction des gens à qui vous poser la question » poursuit le quotidien qui cite les propos rassurants des représentants de Pacific Gas & Electricity (PG&E) et Southern California qui exploitent des centrales dans la région. Agé de 27 ans, le réacteur de Diablo Canyon, localisé près de San Luis Obispo (entre San Francisco et Los Angeles)a été construit pour résister à des tremblements de terre d’une magnitude de 7.5 sur l’échelle de Ritcher ; la centrale de San Onofre, située à proximité de San Diego en Californie du sud, vielle de 42 ans, est faite pour résister à un séisme de magnitude 7 et est de surcroit protégée par un mur anti-tsunami de près de 8 mètres. Sauf qu’à en croire un rapport du très sérieux USGS (U.S Geological Survey), le Golden State aurait 46% de chances au cours des trente prochaines années d’être frappé par un séisme particulièrement puissant (au moins 7.7 sur l’échelle de Richter) et que les risques de Tsunami dans la région sont bien connus, les côtes californiennes ayant d’ailleurs été placées en état d’alerte suite au séisme qui a détruit le Japon.

Moratoire et pastilles d’iode

La catastrophe nucléaire qui menace le Japon a également conduit un certain nombre d’élus américains à se prononcer contrela relance du nucléaire annoncée par le président Obama, son administration ayant notamment accordé 8,3 milliards de prêts garantis à la Southern Company pour qu’elle construise deux réacteurs en Géorgie, l’Etat accueillant la première centrale nucléaire construite aux Etats-Unis depuis l’accident de Three Mile Island en 1979. Le démocrate Edward Markey, élu du Massachussetts, a ainsi exigé d’Obama un moratoire sur la construction de nouveaux réacteurs, notamment dans les régions à risque sismique, tant que le gouvernement fédéral n’aura pas dressé les leçons de la catastrophe japonaise. Dans un communiqué de presse, Edward Markey a également prié le président américain de mettre en application une loi adoptée en 2002 obligeant le gouvernement à fournir aux habitants vivant dans un rayon de 32 km autour des 104 réacteurs nucléaires opérationnels aux Etats-Unis des comprimés d’iodure de potassium (protégeant la glande thyroïde contre l’iode radioactif).

La Maison Blanche se contente d’affirmer pour le moment que le nucléaire constitue un élément clé du bouquet énergétique de l’Amérique, le président Obama ayant engagé le pays sur la voie des énergies « propre », nucléaire compris.