https://www.terraeco.net/spip.php?article16210
Ce qu’Apple peut apprendre de Nike
jeudi, 10 mars 2011 / Anne Sengès /

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

Autrefois accusé de faire travailler des enfants dans ses ateliers asiatiques, Nike s’est depuis repenti. Apple sera-t-il un jour le Nike de l’électronique ?

Il y a 15 ans, Nike, le king de la chaussure de sport, était vilipendé pour ses violations répétées des droits de l’homme et du droit du travail, l’entreprise s’appuyant sur un réseau de sweatshops (ateliers clandestins) qui exploitaient notamment des enfants pour fabriquer ses pompes et enrichir ses caisses. Après avoir pris les choses avec arrogance Philip Knight, le CEO de Nike, qui avait longtemps ignoré les critiques des ONG et refusé de publier la liste de ses sous-traitants, a fait son mea culpa et transformé la marque, honnie par les altermondialistes, en bon élève du développement durable. Nike a fini par mettre en place un dispositif rigoureux d’audit de ses fournisseurs dans l’espoir de redorer son blason. En 2010 Nike figurait sur la liste publiée par l’Institut Ethisphere des entreprises les plus éthiques au monde. Apple en prendra-t-il de la graine ?

Pour David Meyer, vice-président de l’Alliance SEEDS Global, une organisation basée à Seattle (siège de Nike) dans l’Etat de Washington dont la mission est d’aider les entreprises à se comporter de manière socialement responsable, le parallèle entre les deux marques est évident :

« Nike a mis plus d’une décennie à admettre et corriger ses erreurs en matière de violation des droits du travail et de l’homme et la réputation de la marque en a beaucoup souffert. Aujourd’hui, c’est au tour d’Apple, montré du doigt par les ONG chinoises qui ont non seulement dénoncé son manque de transparence mais également documenté de sérieuses violations chez ses sous-traitants. Pour Apple, comme pour l’industrie de l’électronique en général, les critiques des ONG constituent un avertissement sérieux. Il ne suffit pas de mettre en place un code de bonne conduite destiné à ses sous-traitants. Il est impératif d’allouer les ressources nécessaires afin de vérifier que ce code de conduite est bien respecté.

Apple est réputé pour son culte du secret mais en matière de responsabilité sociétale, il est impératif de faire preuve de transparence. Le fait que dans ses audits annuels Apple détaille les violations et les actions prises pour remédier à cela est louable mais en refusant de communiquer avec les ONG et les médias, Apple se tire une balle dans le pied. Notons également que le fait qu’Apple ait recensé deux fois plus de violations de son code de bonne conduite que l’an passé chez ses sous-traitants reflète un manque de vigilance de la part d’une entreprise censé superviser ses fournisseurs. Pour être crédible, Apple n’a donc pas d’autre choix que de faire preuve de transparence en commençant par collaborer avec les ONG qui lui reprochaient jusqu’à présent d’ignorer leurs demandes. »

« Just do it », dirait Nike !