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Croissance verte : ça ne va pas coûter si cher !
lundi, 21 février 2011 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Consacrer 2% du PIB mondial à la croissance verte pour mieux nous protéger des crises économiques et de la menace climatique : c’est le nouveau plan de bataille du Programme des Nations unies pour le développement.

Confié ce lundi aux ministres de l’Environnement de plus de 100 pays, le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement voit rose.

Détail de la recette :

Il « suffirait » d’investir 1 300 milliards de dollars (soit le dixième de l’investissement annuel dans le capital physique : immeubles, outils de production...) chaque année dans dix secteurs clés :

- 108 milliards de dollars (80 milliards d’euros) pour « verdir » l’agriculture. En gérant plus intelligemment la fertilité des sols et les ressources en eau, on pourrait augmenter les rendements de 10%. Et élever, au passage, les niveaux de nutrition à près de 3 000 kilocalories par personne d’ici à 2030 (contre 2 000 kilocalories disponibles aujourd’hui).

- 110 milliards de dollars (80 milliards d’euros) pour mettre la pêche en stand-by. Afin de renflouer les réserves halieutiques, pas de doute, il faut lever l’ancre dans plusieurs mers du globe. Les dollars seraient ainsi destinés à la création de zones marines protégées, à la réduction de la capacité des flottes et à la reconversion des marins. Attendre... pour mieux pêcher. Le renflouement des bancs de poissons pourraient booster la production à 90 millions de tonnes en 2050 (contre 80 aujourd’hui) et créer à nouveau des emplois, promet le rapport.

- 15 milliards de dollars (11 milliards de dollars) pour remplumer la forêt. Un bon investissement : « On estime en effet que les avantages en termes de régulation du climat de la division par deux de la déforestation [responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre] sont trois fois supérieurs aux coûts », affirme l’étude. Grâce aux efforts, la couverture forestière pourrait être plus importante de 20% en 2050 que si l’on ne fait rien.

- plus de 190 milliards de dollars (140 milliards d’euros) pour améliorer les transports publics et favoriser les transports routiers moins polluants. De quoi réduire de 80% la consommation de carburants et augmenter de 6% l’emploi notamment dans les transports publics.

- 110 milliards de dollars (80 milliards d’euros) dans les déchets et le recyclage. De quoi réduire de 85% les quantités de déchets finissant leur vie dans les décharges. D’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre dues au méthane pourraient diminuer de 20 à 30%.

Et aussi ?


- plus de 360 milliards de dollars (265 milliards d’euros) pour verdir l’offre énergétique ;

- 134 milliards de dollars (100 milliards d’euros) pour redorer le secteur du bâtiment ;

- plus de 75 milliards de dollars (55 milliards d’euros) pour améliorer le bilan des activités industrielles ;

- près de 135 milliards de dollars (100 milliards d’euros) pour rendre le tourisme moins nocif ;

- 110 milliards (80 milliards d’euros) pour investir dans le secteur de l’eau et de assainissement.

Qui va payer ?

Majoritairement le secteur privé, assure le rapport. Les pouvoirs publics, eux, auront pour mission de « créer les conditions favorables » à une économie verte : cadres réglementaires pour les entreprises, taxations pour encourager les consommateurs à changer leurs habitudes, investissement dans la formation...

Résultats :


- « Un taux de croissance à peu près égal, si ce n’est supérieur, aux prédictions des modèles économiques en vigueur. » Et tout ça, en évitant chocs pétroliers et crises économiques, inhérentes à « l’économie brune » actuelle.

- Un revenu par habitant supérieur à celui prévu par les modèles économiques actuels.

- Une réduction de l’empreinte écologique de 50% à l’horizon 2050.

- Un cinquième d’emplois en plus dans le secteur de l’énergie.

- Des économies de 760 milliards de dollars (550 milliards d’euros) par an en moyenne grâce l’utilisation de combustibles moins cher.

- Un deal bénéfique aussi pour les pays en développement, dans lesquels 90% du PIB dépend des ressources naturelles.

Conclusion : plus besoin, si l’on en croit ce rapport du PNUE, de choisir entre croissance et économie verte !