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La guerre économique, c’est dans la tête
mercredi, 9 novembre 2005
/ Arnaud Gonzague
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Pourquoi l’économie mondiale ressemble-t-elle davantage à un champ de bataille qu’à un parterre de marguerites ? Parce que c’est la guerre, pardi ! Ben oui, mais une guerre, ça s’arrête...
Pas besoin d’être aussi morose que Houellebecq pour dresser ce constat : notre monde a, globalement, sale mine. La majorité n’a accès qu’au minimum en termes d’eau potable, de santé et d’éducation. Quant à l’hémisphère "privilégié", une part de ceux qui l’occupent se paupérise depuis 25 ans. Inéluctable ? Patrick Viveret, conseiller à la Cour des comptes, connaît suffisamment les chiffres pour en rappeler quelques-uns : "La satisfaction des besoins nutritionnels et sanitaires supposerait une dépense additionnelle annuelle de 13 milliards de dollars (...) Les dépenses d’aliments pour animaux en Europe et aux Etats-Unis s’élevaient en 1998 à 17 milliards (...) La consommation de stupéfiants dans le monde représentait, elle, 400 milliards de dollars !"
En réalité, l’Occident est plongé dans une "manifestation pathologique de la dépression nerveuse" (thèse empruntée à Keynes). Malade, l’homme, oui, mais dans sa tête uniquement. Et d’où vient cette dépression ? De la fin de la rareté, cette rareté qui a structuré nos économies passées. Viveret annonce ainsi que "l’humanité est placée à l’un des tournants les plus décisifs de sa jeune histoire", puisqu’il va lui falloir passer - culturellement - de l’ère de la rareté à celle de l’abondance. Ceux que l’idéalisme enquiquine ne trouveront pas leur compte dans cet opus, plus philosophique qu’économique. Les autres seront enchantés.
Patrick Viveret, Pourquoi ça ne va pas plus mal ? Fayard, 270 p., 18 euros. JPEG - 14.6 ko 250 x 411 pixels |