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Jamie Oliver viré des cantines de Los Angeles
mercredi, 9 février 2011 / Anne Sengès /

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

Le « celebrity chef » anglais anime une émission de télé pour lutter contre l’obésité des enfants. Mais il n’est plus le bienvenu dans les cantines des écoles publiques de la Cité des anges.

Los Angeles a beau être la capitale des « beautiful people », Jamie Oliver l’a pourtant élue comme lieu de tournage de la deuxième saison de son reality show baptisé « Jamie Oliver’s Food Revolution » (diffusé sur la chaîne ABC) . Pourquoi ? Parce que dans les quartiers défavorisés, loin des flashs et des paillettes, une majorité des enfants sont obèses. Son émission de télé vise justement à éduquer les élèves des écoles publiques sur les bienfaits d’une alimentation saine.

Pourtant, après deux semaines de tournage dans une école de la ville, Jamie Oliver s’est vu retirer soudainement son permis de filmer. Selon le Los Angeles Times, le Los Angeles Unified School District (LAUSD) serait terrorisé à l’idée qu’il ne dresse pas un portrait suffisamment flatteur des cantines de la ville. Faux, rétorque, Robert Alaniz, porte-parole du LAUSD, interrogé par Terra Eco. « Nous nous sommes simplement étonnés du fait que Jamie ait choisi Los Angeles pour tourner son reality show alors que nous ne sommes qu’à la 46e place du classement des villes les plus obèses du pays et que nous avons fait des efforts considérables au cours des dernières années pour améliorer la nourriture servie dans nos cantines. En 2004, nous avons par exemple interdit la vente de sodas, chips et bonbons dans les écoles publiques de la ville et l’an prochain nous interdirons les pizzas », affirme-t-il. « Je pense que si Jamie Oliver a choisi Los Angeles, c’est sans doute parce qu’il voulait profiter du beau temps et y installer sa famille. D’ailleurs, il a choisi de scolariser ses enfants dans le privé. S’il se souciait tant d’améliorer la nutrition dans les cantines de Los Angeles, il aurait commencé par inscrire ses gamins dans le public », poursuit-il, un brin mesquin.

Après avoir bataillé plusieurs mois pour que les écoles de la Cité des anges lui ouvrent ses portes, Jamie Oliver avait pourtant obtenu l’autorisation de filmer dans un lycée doté d’une académie culinaire. A condition qu’il se contente d’apprendre aux élèves à cuisiner sainement au lieu d’accuser (selon sa bonne habitude) les parents et administrateurs des écoles d’engraisser leurs enfants en toute impunité. Deux semaines plus tard, Jamie Oliver a appris qu’il était désormais non grata. Pourquoi ce revirement ? « Nous avions exigé de Jamie Oliver un contrat détaillant exactement ce qu’il avait l’intention de filmer mais nous ne l’avons jamais obtenu sous prétexte que son reality show n’est pas scénarisé mais improvisé. Or nous ne voulons ni drame, ni conflit », explique Robert Alaniz qui ajoute que le LAUSD a convié le chef à élaborer de nouveaux menus pour les cantines de la ville mais avec des portions qui ne dépassent pas 77 cents ! Si les caméras de la chaîne ABC restent à la porte de l’établissement, aux dernières nouvelles, Jamie Oliver serait prêt à relever ce défi plutôt que de plier bagages, sa famille sous le bras…