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Egypte : un million de voix pour un seul message
mercredi, 2 février 2011 / Cam McGrath

« La marche à un million » de personnes dans le centre du Caire mardi 1er février a porté ses fruits. Le président Hosni Moubarak a promis de ne pas se représenter. Mais le peuple réclame son départ immédiat.

Cette manifestation contre le gouvernement est la plus importante de l’histoire moderne de l’Egypte et elle a rassemblé l’ensemble de la société. Hommes, femmes et enfants se sont retrouvés dans la matinée de mardi et ont manifesté bien au-delà de 15h, heure du couvre-feu décrété par le gouvernement.

Cette journée de protestation est la huitième consécutive passée à réclamer le départ du président Hosni Moubarak au pouvoir depuis 30 ans. Au début de cette semaine, le dirigeant âgé de 83 ans avait désigné un vice-président (NDLR : Omar Soliman) et changé son gouvernement afin de calmer la colère populaire.

Pour Ahmed Refaat, menuisier qui manifestait mardi, « Moubarak peut changer de gouvernement autant de fois qu’il le souhaite, nous ne stopperons pas le mouvement avant qu’il ne se retire ». Le manifestant a pointé les problèmes de fort taux de chômage, d’augmentation du coût de la vie et de corruption endémique. A l’image des slogans de la journée, il a accusé Moubarak et ses partisans d’accumuler des richesses aux dépens du peuple égyptien. « L’Egypte ne retrouvera sa fierté que lorsque Moubarak aura quitté le pouvoir », a ajouté le manifestant.

Le lieu de la manifestation du mardi 1er février ne pouvait pas avoir été mieux choisi. Il s’agissait de Midan Tahrir – place de la libération – au cœur du Caire. Pendant la journée, les forces de police anti-émeutes ont brillé par leur absence, répondant ainsi aux promesses de Moubarak qui avait demandé aux forces de l’ordre de se tenir éloignées de la place Tahrir et ordonné aux militaires postés aux différents accès à cette place de ne pas intervenir.

Cette promesse de sécurité aux manifestants sans précédent depuis le début de la révolte a rendu l’atmosphère de la journée festive et ainsi attiré tous les pans de la société : jeunes et vieux, femmes et hommes de toutes opinions politiques.

La manifestation de mardi a coïncidé avec la tenue d’une grève générale. Les commerces sont restés portes closes et les employés des usines ont affirmé qu’ils ne reprendraient pas le chemin du travail avant le départ de Moubarak. Cette grève s’ajoute à la crise économique. Toutes les banques sont fermées ainsi que la Bourse qui avait chuté de 16% en 48h la semaine dernière.

D’après les ONG de défense des droits de l’homme, plus d’une centaine d’Égyptiens ont été tués depuis le 25 janvier. Ces dernières ont par ailleurs ajouté que ces chiffres pourraient être bien supérieurs dans la mesure où le gouvernement a décrété la coupure partielle des communications, rendant difficile et limitée la collecte des informations.

Depuis le 25 janvier, aucun leader naturel de la révolte n’est apparu au grand jour. Les manifestants réclament à l’unisson le départ de Moubarak, mais ne parviennent pas à se mettre d’accord ni sur le calendrier, ni sur les modalités d’une transition avant la tenue d’élections.

Pour l’analyste politique Amr Hashem Rabie, « Il est très important que les manifestants choisissent un porte parole. Ils doivent parler d’une seule voix qui puisse articuler les demandes des protestataires au régime de Moubarak et qui fixe un agenda pour une transition politique. »


En partenariat avec IPS


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