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3,2 millions
mardi, 1er février 2011 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

C’est le nombre de mal-logés en France, selon le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre.

Un texte épais de 250 pages et abrité d’une couverture noire, symbole d’une sombre réalité. Entre les pages, le bilan est lourd. 3,6 millions de personnes seraient pas ou très mal logées. Parmi elles, on compte 685 000 personnes dépourvues de domicile personnel dont 33 000 passent leurs nuits dans des abris de fortune, sur le trottoir des rues ou dans les dortoirs des centres d’hébergement d’urgence. 38 000 autres dorment à l’année dans des chambres d’hôtel « le plus souvent dans des conditions d’habitat très médiocres (absence de sanitaires, aucune installation permettant de faire la cuisine) ». 411 000 personnes enfin logent chez des parents, des amis ou une connaissance. Parmi eux, une flopée de « grands enfants » contraints de revenir sous le toit parental ou de seniors heurtés par un deuil, des difficultés financières ou de santé.

Mais dans les rangs des victimes de la crise du logement, il n’y a pas que les sans logis. Dans son rapport, La fondation Abbé Pierre tient aussi compte des mal-logés. Selon l’Insee, citée dans le rapport de l’association, 2 778 000 personnes vivraient dans des logements inconfortables (insalubres, privés d’installations sanitaires ou infiltré d’eau par exemple) ou surpeuplés. A celles-là s’ajoutent plus de 5 millions d’individus en situation de « réelle fragilité à court et moyen terme ». Malmenés par leur situation économique, ils croulent sous des impayés et naviguent à vue face à un horizon incertain.

Avouant son impuissance à les comptabiliser tous, la Fondation estime à 10 millions le nombre de personnes qui « subissent aujourd’hui les conséquences de la crise du logement (production de logements insuffisante et inaccessible aux plus modestes, flambée des coûts du logement et des charges, blocage de la mobilité résidentielle...) ». Entré en vigueur en 2008, le Droit au logement opposable (Dalo) devait enrayer, au moins partiellement, cette crise. Mais il n’a pas « créé l’électrochoc qu’on attendait », selon Christophe Robert, délégué général adjoint de la fondation Abbé Pierre.