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« Essayez donc de priver mon mari d’un bon steak ! »
vendredi, 21 janvier 2011 / Julien Kostrèche

Cesser de manger des animaux ? Les lecteurs de « Terra eco » passent la question à la casserole et décortiquent leur rapport à la viande. Morceaux de choix.

« La viande : des souvenirs d’enfance à manger de la cervelle (beurk), du cheval (on me mentait), mon lapin (première révolte contre mes parents) », se souvient Mouche. Avant de passer à l’acte : « J’étais seule… J’ai eu des difficultés à me convaincre. Il y a eu ces années à en goûter de temps en temps pour ne pas déranger mes hôtes… Aujourd’hui, être végétarienne est un choix clair, engagé. C’est aussi montrer mon refus du système, l’afficher, faire poser des questions ! Je suis anormale, on se moque de mon “sentimentalisme animal” (1er argument), “les légumes aussi ont mal” (ahahah). Mais c’est notre conscience qui doit avoir mal !! La “modernisation” nous a coupés de notre part animale, on ne sait même plus comment on les traite… »

Végétariens ou végétaliens comme Mouche, vous êtres nombreux à témoigner sur notre forum. Pour faire part de votre « dégoût de l’abattage industriel » (Jufe06) ou carrément appeler à la disparition de l’industrie de la viande. « Elle est une aberration historique, une mauvaise solution temporaire trouvée au problème de nutrition de la population humaine, une mauvaise voie sur laquelle il convient de revenir d’urgence », lâche Kerloen.

« Une cuisine végétarienne savoureuse, pas seulement nutritionnelle ? »

Moins radicaux, certains d’entre vous essaient plus simplement de lever le pied : « Ne plus manger d’animaux me tente de plus en plus face au regard bovin des gens devant les côtelettes d’agneau qui ne voient pas l’animal derrière le cellophane », avoue Fouture. « Déjà je ne mange qu’une fois par semaine de la viande, et cela ne dépasse jamais 120 g par portion. J’essaie de compenser par des protéines végétales », explique Simone. « J’aimerais bien me délecter de légumes », confie Gatsauce qui lance un appel au secours : « Qui voudra bien me faire découvrir les secrets d’une cuisine végétarienne vraiment savoureuse et pas seulement nutritionnelle ? »

Sans doute nombreux à nous lire, plus rares sont ceux qui avouent leur penchant pour la viande, rouge de préférence : « J’aime trop la viande pour pouvoir m’en passer, reconnaît Leo. J’ai lu les Mythologies de Barthes et je pense que le sang rouge de l’animal me nourrit de sa force… Sans rire, je suis très mince, malade. Je ne peux pas me priver de l’apport calorique de la viande. » Le débat vire parfois à la controverse historique avec Lolorase, « bouffeur de viande » qui affirme que les animaux sont présents dans notre chaîne alimentaire depuis « 4 millions d’années » et BernardF qui estime que « nos origines sont plutôt végétariennes que carnivores ».

Une histoire d’hormones ?

Mais revenons au siècle présent. La réalité est parfois triviale derrière les fourneaux. « Que suggérez-vous quand on vit avec un mari qui considère qu’il n’a pas mangé s’il ne trouve pas un steak, une côte de veau ou de mouton ou un morceau de poulet dans son assiette ? Divorcer ? », lance Panpan. « J’ai à peu près le même problème… sauf que mon mari est passé par une période végétarienne dans son adolescence, raconte Elfine. C’est l’armée qui l’a fait redevenir carnivore car tous les plats qui y étaient préparés avaient de la viande. Je crois que j’aurais du mal à instaurer plus d’une journée végétarienne par semaine… »

Damned ! Notre rapport à la viande ne serait finalement qu’une histoire d’hormones, le mâle restant irrémédiablement plus porté sur la chose ? Pas du tout, assure Jean-Nicolas : « Ne pas manger de la viande est plus un choix philosophique, économique, voire métaphysique, que biologique. »