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Un bouquet de jasmin
mercredi, 19 janvier 2011 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Comment ne pas être touché par les Tunisiens qui osent reprendre leur destin en main ?

La révolution du jasmin est, bien entendu, une formidable espérance pour tous les peuples arabes, pour les nations d’Afrique ou d’Asie. Elle démontre, s’il le fallait, qu’aucune dictature n’est une fatalité et rappelle à nos esprits un peu endormis que, par-delà les cultures, la liberté est une aspiration fondamentale de l’être humain.

Tache indélébile

Cette révolution du jasmin – ce peuple tunisien qui se retrouve en situation d’exercer sa liberté – éclaire également d’une lumière crue les petits arrangements de nos nations « riches et développées » avec des régimes illégitimes. « Tant que les affaires vont, tant que les Airbus, les iPhone et les capitaux sont produits et circulent librement… La question humaine viendra bien un autre jour. » Or, cette question vient. Elle n’est pas seulement le fait d’idéalistes immatures. Et fait surtout l’effet d’une tache indélébile sur le plastron des donneurs de leçons économiques et financières internationales.

Prospérité à portée de main

Au-delà de notre admiration et de notre autocritique, les Tunisiens nous invitent aussi à reconsidérer le pouvoir de notre société civile. Pour ceux qui portent les valeurs d’un monde futur plus juste et plus équilibré, mais qui déplorent quotidiennement l’inertie d’un monde mû par les uniques référents matériels et monétaires, il n’y a pas plus de fatalité que pour les Tunisiens à supporter le joug de Ben Ali. Changer le monde, changer de logiciel, choisir résolument une société prospère et sobre, libre et pacifiée, est à portée de main. Parfois, nous avons le sentiment qu’avec la crise, les enjeux du développement durable ont vite été relégués au second plan. Mais en réalité, jamais les idées n’ont autant fourmillé : si une s’éteint ici, dix autres germent là. Jamais l’aspiration au changement n’a été aussi forte. Ce qui manque encore, c’est la possibilité de connecter entre eux les porteurs de changement pour qu’ils prennent conscience de leur pouvoir. Et de la nécessité de l’exercer