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L’Inde, services compris
jeudi, 24 novembre 2005
/ Toad
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/ Victor Moulonguet
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Si la Chine attire les projecteurs, son voisin indien avance aussi ses pions. Sa recette : tout miser sur les services informatiques. La contrepartie : une fracture sociale bien difficile à résorber.
Pour poser un orteil en Inde, il faudrait presque prendre son ticket d’attente. Côté français Alcatel, Thomson, des banques, ou bien Renault ont ouvert le bal. Cet été, le groupe Axa a suivi la meute et s’est allié à la société d’assurance indienne Bharti. À la clef, l’ouverture sur un marché gigantesque. "Certes la classe moyenne indienne ne représente qu’environ 10% de la population, mais cela équivaut déjà à plus de 100 millions d’individus. Et cette classe continue d’augmenter chaque année, le potentiel est énorme, assure, enthousiaste, un représentant du groupe.
Pour autant, l’Inde n’est pas qu’un simple atelier de sous-traitance. "Depuis quelques années, les sociétés indiennes ont choisi la voie de l’innovation grâce à une amélioration constante de la qualification de leur main-d’œuvre. Infosys, devenue un modèle de performance dans la création de logiciels, est un exemple parmi beaucoup d’autres", commente Jackie Assayag, directeur de recherche au CNRS.
L’Inde a ainsi remodelé le visage de l’économie mondiale des services, en venant concurrencer directement les pays riches et en accélérant les délocalisations. Sur ces sept dernières années, les exportations indiennes de services ont triplé et les investissements directs à l’étranger de services se sont envolés. Après l’agriculture, puis l’industrie, c’est donc maintenant sur le terrain des services que les pays riches doivent affronter la concurrence des pays émergents.
Avec une dette publique qui frise 90% du PIB, les autorités ne pourront pas augmenter significativement leurs investissements publics. Pourtant, les besoins sont flagrants : le manque de voies de communication bloque le désenclavement de certaines régions, autant de poches de pauvreté dissimulées derrière des îlots de prospérité. Le miracle indien offre donc deux facettes, incarnées d’un côté par Bangalore, sorte de "Silicon Valley" prospère et dynamique, et de l’autre par la région de Madhya Pradesh, marquée par la misère et l’analphabétisme. Un gouffre que la plus grande démocratie du monde devra combler si elle veut atteindre son objectif : décrocher la médaille de bronze sur le podium des plus grandes puissances économiques mondiales à l’horizon 2050, derrière la Chine et les Etats-Unis.
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