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« McDonald’s cible les gamins dès 2 ans »
mardi, 21 décembre 2010 / Anne Sengès /

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

Que Ronald McDonald cesse de distribuer des jouets ! Après la ville de San Francisco, c’est une mère de famille américaine qui attaque le géant du fast-food. Avec le soutien de l’ONG « Center For Science in the Public Interest ».

Monet Parham, une mère californienne de deux enfants, vient de porter plainte en nom collectif contre McDonald’s car… ses filles réclament des « Happy Meal » pour avoir des jouets. Elle reproche au géant du fast-food d’exercer une influence néfaste sur les habitudes alimentaires de ses enfants, âgées de 6 et 2 ans. Sa plainte a reçu le soutien du Center For Science in the Public Interest, groupe de pression qui lutte contre la malbouffe et rêve depuis longtemps d’un procès contre le roi du hamburger. Jeff Cronin, son directeur de la communication, justifie ce passage par les prétoires.

Terra eco : Intenter une action en justice contre McDonald’s est-il le meilleur moyen d’inciter la marque à renoncer à cibler les enfants ?

Jeff Cronin : Voilà plusieurs décennies que nous essayons sans succès de forcer McDonald’s à arrêter de cibler directement les enfants grâce à des techniques de marketing qui consistent à leur offrir des jouets en guise d’appât. En juin dernier, nous avons menacé McDo d’un procès dans l’espoir de convaincre le géant du fast-food d’abandonner cette tactique mais il était clair que McDonald’s n’avait aucunement l’intention de renoncer à ses « Happy Meal ». Nous avons donc décidé de porter plainte au nom de cette mère de famille californienne.

Avez-vous été influencé par la décision récente du conseil municipal de San Francisco d’interdire la vente des « Happy Meal » dans la ville ?

Pas vraiment, même si nous soutenons entièrement la décision du conseil municipal. Notre organisation dénonce depuis plusieurs années les pratiques de marketing de l’industrie alimentaire qui consistent à cibler les enfants. Les études ont prouvé que ces tactiques ont un impact négatif sur les enfants car elles influencent leur choix alimentaires. La plupart des pubs de l’industrie agroalimentaire font la promotion d’aliments riches en calories, plein de gras et de sucres. McDonald’s est l’un des pires dans ce domaine. Des entreprises comme Pepsi ou Coca-Cola ne s’adressent pas aux jeunes enfants. Les « Happy Meal », eux, ciblent les gamins dès l’âge de 2 ou 3 ans.

Mais pourquoi McDonald’s plutôt que Burger King ou l’ensemble des géants de l’industrie du fast-food ?

Pour être honnête, c’est aussi parce qu’il s’agit du numéro un de la restauration rapide et qu’en sa qualité de leader du marché, il exerce une influence considérable sur ses concurrents. Ainsi quand nous avons fait campagne pour que les géants du fast-food renoncent aux huiles hydrogénées, nous avons concentré nos efforts sur McDonald’s. Nous savions que s’ils s’engageaient à ne pas utiliser cette huile dans ses friteuses, ses concurrents suivraient.

Dans une interview publiée récemment dans le « Financial Times », le pédégé de McDonald’s Jim Skinner a déclaré que l’entreprise continuerait à vendre ses « Happy Meal » et s’est insurgé contre la « police de la nourriture » qui cherche à dicter les comportements des parents…

Nous estimons que McDo se doit d’être une entreprise responsable et citoyenne. Les parents croulent sous les responsabilités. Nourrir leurs enfants sainement n’est pas chose facile et McDonald’s rend leur travail encore plus difficile en offrant aux enfants des cadeaux en guise d’appât.

Des sociétés comme Disney dont les jouets figurent dans les « Happy Meal » ne sont-elles pas tout aussi coupables selon votre raisonnement ?

Nous encourageons l’industrie du divertissement à faire preuve de responsabilité en la matière. Disney fait des efforts, contrairement à d’autres sociétés comme Pixar (filiale de Disney, ndlr). Mais vous avez entièrement raison. Les créateurs de personnages de dessins animés que les enfants adulent ne devraient pas s’allier avec l’industrie de la malbouffe.