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Nicolas Hulot est-il un ovni politique ?
mardi, 21 décembre 2010 / Julien Kostrèche

Il célébrait le 16 décembre les vingt ans de sa fondation. L’occasion de réaffirmer son engagement pour « une autre prospérité ». Comment pèsera-t-il dans le débat pour 2012 ? Réponses de Malik Larabi et Xavier Marc qui ont suivi de près sa « mobilisation » en 2007.

Pensez-vous que Nicolas Hulot soit aujourd’hui un ovni dans la politique française ?

Malik Larabi [1] : « Un ovni, non. Nicolas Hulot incarne une aspiration différente, une forme nouvelle, et je crois porteuse, de faire de la politique, avec un parcours très singulier. C’est ce qui plaît aussi chez une personnalité comme Daniel Cohn-Bendit. »

Xavier Marc [2] : « Ce qui reste hallucinant, c’est la popularité de Hulot dans les sondages, qui apparaît tantôt comme la personnalité télé ou l’écologiste préféré des Français. Cela ne révèle en rien ses capacités politiques ; cela traduit en revanche le consensus fort qui se fait autour de lui quand on parle de préservation de la planète. Le personnage n’est pas clivant. Tout le monde s’approprie Hulot. Aucun politique ne peut risquer de se le mettre à dos. Mais qu’adviendrait-il de ce consensus s’il rejoignait demain un parti politique, participait à l’élaboration d’un programme, entrait dans le jeu des alliances… ? »

Peut-on faire un parallèle entre le contexte actuel et celui de 2007 qui précédait la présidentielle ?

Xavier Marc : « Avant 2007, il y avait la perspective du Grenelle pour engager la France dans l’ère du développement durable, et l’échéance de Copenhague pour engager la communauté internationale dans la lutte contre le changement climatique. Les discours écologistes étaient tendus vers ces objectifs, présentés comme des ultimatums. Aujourd’hui, plus d’ultimatum. Le sentiment d’urgence est retombé. Est-ce que ces sujets seront au cœur de la campagne de 2012 ? On peut en douter. Aujourd’hui, avec la crise économique, le thème de l’environnement est passé au second plan. Et les discours répétés sur l’urgence à sauver la planète ont créé une forme de lassitude. C’est un peu ce que signifiait Nicolas Sarkozy en déclarant “l’environnement, ça commence à bien faire”. Une petite phrase qui en dit long sur l’état de l’opinion en 2010. »

Malik Larabi : « Politiquement, il y a une nouveauté de taille et elle s’appelle Europe Ecologie ! On l’a vu lors des derniers scrutins et on le mesure encore dans les sondages, la place de l’écologie en politique est aujourd’hui occupée par cette formation. Les conditions n’existent plus aujourd’hui pour que Nicolas Hulot puisse peser sur la campagne de l’extérieur. »

Ce qui voudrait dire qu’il doit agir de l’intérieur ? Votre livre sur Nicolas Hulot s’intitulait « Le candidat jamais candidat » : croyez-vous aujourd’hui que l’homme puisse entrer en politique ?

Malik Larabi : « S’il franchit le Rubicon, il faut encore qu’il trouve un point d’atterrissage, et que son entrée en politique se fasse avec un consensus fort. Pas sûr qu’il soit accepté facilement par des militants Verts qui ont une longue expérience des luttes. Pour lui, c’est un gros risque, celui de devoir se positionner, au-delà des questions environnementales, sur des sujets moins consensuels. S’il décidait de rentrer dans le “panier de crabes”, tout est dans le timing. Est-ce le bon moment ? »

Xavier Marc : « Je pense que Nicolas Hulot est aujourd’hui très seul. Evidemment, il a des amis, des soutiens. Mais politiquement, il ne peut pas s’appuyer sur un appareil et des militants. Beaucoup de ceux qui étaient à ses côtés en 2007 sont depuis partis chez Europe Ecologie ou dans les cabinets ministériels de Borloo ou de NKM. »

- Le site de la Fondation Nicolas Hulot