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James Leape
mercredi, 22 décembre 2010

« On ne se contente plus de lever des fonds, on agit », explique le directeur général du WWF International.

Enfant, il rêvait de devenir garde-forestier. Il finira par faire Harvard pour devenir avocat spécialisé en droit de l’environnement car, dans les années 1970 aux Etats-Unis, les juristes étaient à l’avant-garde du mouvement environnemental. James Leape, 56 ans, directeur de la première organisation mondiale de protection de la nature, reste convaincu que, dans un monde en pleine dégradation, le WWF – quinquagénaire cette année – peut inverser la tendance.

Comment le WWF a-t-il évolué au cours des cinquante dernières années ?

Fondé en 1961 par des biologistes, le WWF avait pour préoccupation principale le déclin précipité des espèces comme le rhinocéros africain. Nous continuons notre travail en la matière mais, au fil des années, il est devenu évident que si le WWF ambitionnait de mieux servir la nature, il fallait qu’il élargisse son champ d’action. L’organisation ne se contente donc plus de lever des fonds pour financer les efforts de conservation, mais elle mène elle-même des projets dans des régions où la biodiversité est en danger.

Biodiversité, empreinte carbone, alimentation… Le WWF a l’ambition d’agir sur tous les fronts ?

Le défi est de faire comprendre aux gens qu’en conservant les ressources, nous investissons dans l’avenir, que notre prospérité dépend directement de notre capacité à prendre soin de nos forêts, de nos rivières, de nos océans. Nous travaillons beaucoup sur le concept de l’empreinte écologique, car sa force vient de sa simplicité. Le monde du business est également devenu un partenaire essentiel. Aujourd’hui, des entreprises comme Walmart, Unilever ou Coca-Cola ont élevé la préservation des ressources en principe fondamental. Et c’est comme cela que les choses changent.

Comment mesurez-vous de l’efficacité de vos programmes ?

La seule façon de réussir et d’assurer leur pérennité est d’établir des partenariats avec les communautés et les autorités locales et nationales vivant aux bords des zones que nous cherchons à protéger. La mission du WWF est d’être un catalyseur du changement. Dans le domaine de la biodiversité, rien n’illustre mieux ce principe que la tenue, en novembre 2010, du premier sommet des tigres dans la Russie de Vladimir Poutine en présence des représentants de 11 des 13 pays d’Asie recensant encore cet animal. Nous avons obtenu de la part de ces derniers un objectif précis : celui de doubler le nombre de tigres en liberté dans les douze ans. Autre exemple : il y a dix ans, nous avons travaillé avec le gouvernement brésilien pour qu’il protège 10 % des terres amazoniennes. Le pays s’est engagé à sauvegarder 60 millions d’hectares d’ici à 2017. Pour vous donner une idée de l’impact d’un tel projet, la préservation de 30 millions d’hectares de forêt amazonienne a permis d’économiser l’équivalent de la moitié des émissions de CO2 des Etats-Unis.

Comment allez-vous célébrer vos 50 ans ?

Nous allons bien entendu réunir nos partenaires et supporteurs, le 29 avril 2011, à notre siège en Suisse. Le Musée national suisse accueillera, en outre, une exposition retraçant notre histoire. Et une grande campagne de publicité rappellera l’impact du WWF, ainsi que le chemin encore à parcourir. Les cookies que nous trouvons au supermarché sont fabriqués avec de l’huile de palme issue d’une plantation de Bornéo, le poisson surgelé provient du Triangle de corail dans le Pacifique ou le bœuf amazonien de zones de déforestation. Nous sommes tous connectés d’une façon ou d’une autre à ces régions menacées. —

- Le site du WWF